— Publié le 24 novembre 2017

Avec le Marathon des Sables, le Pérou prend position

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L’avenir du sport se jouera-t-il en Amérique du Sud? A court terme, sûrement pas. L’Asie s’est offert quelques longueurs d’avance, assez pour distancer tout le monde. Mais plus tard, pourquoi pas.

Au Pérou, les autorités politiques ne cachent pas leur ambition de s’imposer comme une nation majeure du sport international. La capitale, Lima, a reçu en septembre dernier la session du CIO. Le pays prépare, non sans difficulté, les Jeux Panaméricains 2019. Il accueille également, du 26 novembre au 6 décembre 2017, la première édition sud-américaine du Marathon des Sables, une course à pied par étapes, inscrite dans sa version marocaine au calendrier de l’Ultra-Trail World Tour.

Son organisateur, Cyril Gauthier, a expliqué à FrancsJeux les dessous d’une épreuve qui pourrait contribuer à positionner le Pérou sur la carte du mouvement sportif international.

FrancsJeux: Pourquoi avoir choisi le Pérou comme terre d’accueil de cette nouvelle version du Marathon des Sables?

Cyril Gauthier: La course se déroule depuis 32 ans, donc depuis sa création, au Maroc. Elle y restera. Mais le Marathon des Sables se dispute désormais à guichets fermés. En Grande-Bretagne, la liste d’attente pour obtenir un dossard atteint 3 ans. Nous cherchions un nouveau désert pour organiser une version sud-américaine. Nous avons été en contact avec plusieurs gouvernements. Au Pérou, nous avons rencontré des gens passionnés, ouverts et disponibles. Le vice-ministre du Tourisme, Roger Vallencia, nous a demandé de lui démontrer ce que l’événement pourrait apporter à son pays.

Justement, quel intérêt un pays comme le Pérou peut-il avoir à recevoir une organisation privée et étrangère?

Les images du Marathon des Sables, un ultra-trail disputé en autosuffisance alimentaire, véhiculent du rêve. Mais elles vont surtout montrer un autre Pérou que celui présenté aux touristes. Le pays ne se réduit pas au Machu Picchu. Il possède l’un des plus beaux déserts du monde, aujourd’hui encore peu connu. Avec la course, nous apportons un outil de communication.

Malgré tout, l’organisation reste française…

Bien sûr. Mais les autorités péruviennes ont insisté sur une exigence: l’intégration d’un personnel local au sein du comité d’organisation. A la direction de la course, les Péruviens représentent 40% des effectifs. Ils seront 70% l’an prochain pour la 2ème édition.

Le mouvement sportif péruvien traverse une période très agitée, certains de ses dirigeants ayant été poursuivis pour des faits de corruption. Avez-vous rencontré des difficultés dans la préparation de l’épreuve dans vos relations avec les autorités péruviennes?

Non. Nous avons parfois souffert d’une lenteur administrative. Il nous a fallu attendre longtemps des courriers officiels. Mais la nouvelle équipe au pouvoir est issue, en grande partie, de la société civile. Nous avons profité au Pérou d’une implication des politiques que nous n’avions encore jamais constatée dans un autre pays. Ils veulent avancer. Une nouvelle génération se met en place.

Le Pérou manifeste-t-il aujourd’hui une grande ambition sportive?

Certainement. Roger Vallencia est un passionné de sport, très connaisseur et exigeant. L’équipe en place manifeste une ambition très claire de se positionner, non seulement en Amérique du Sud, mais sans doute même au-delà. Le Pérou vient de reprendre le Dakar, après deux années d’absence. Aujourd’hui, les dirigeants sont conscients qu’ils manquent encore d’événements majeurs, mais ils sont capables de tout. Le Pérou est un petit pays, certes, mais un pays très rusé.