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— Publié le 23 octobre 2017

En Chine, le dopage aurait touché 10 000 athlètes

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Après la Russie, la Chine? Deux ans après les premiers éléments du scandale du dopage dans le sport russe, une affaire d’une même nature frappe la Chine. Par une curieuse similitude des faits, elle est révélée par les médias allemands. Et, autre point commun, elle part d’une lanceuse d’alerte longtemps immergée dans l’administration du sport.

Xue Yinxian, âgée aujourd’hui de 79 ans (photo ci-dessous), une ancienne médecin chinoise, a choisi de dénoncer le dopage systématique des sportifs de son pays dans les années 1980 et 1990. Réfugiée actuellement en Allemagne, où elle demande l’asile politique, elle a raconté son histoire dans l’émission Sportschau, sur chaîne de télévision ARD.

Entrée assez jeune dans l’administration générale des sports de la Chine, elle explique être devenue rapidement la médecin personnelle de plusieurs gymnastes olympiques, dont Li Ning, sextuple médaillé aux Jeux de Los Angeles en 1984, et Lou Yun, champion olympique au saut de cheval en 1984 et 1988.

 

 

Selon son témoignage, tout a basculé à la fin des années 1970. Envoyé à l’étranger étudier les avantages des stimulants, un médecin du sport chinois, Chen Zhanghao, en serait revenu avec la certitude d’avoir découvert la potion magique.

Peu de temps après son retour, une équipe de recherche sur le dopage a été mise en place par le bureau national des sports. Chen Zhanghao en a pris la direction. A partir de là, le dopage est devenu la norme dans le sport chinois.

« Plus de 10.000 personnes sont probablement concernées, a expliqué Xue Yianxian à ARD. Toutes les médailles internationales remportées à l’époque par les Chinois devraient leurs être retirées. On ne croyait qu’au dopage. Celui qui se dope sert son pays, disait-on. Ceux qui sont contre mettent le pays en danger, et ceux qui ont mis le pays en danger sont aujourd’hui en prison ». Elle assure avoir été consultée pour soigner des enfants de 11 à 14 ans victimes d’effets secondaires du dopage.

Selon l’ex médecin, les athlètes n’étaient le plus souvent pas au courant de ce qu’on leur injectait. Les stéroïdes et les hormones de croissance étaient qualifiés de « médicaments nutritionnels spéciaux ». Leurs effets secondaires étaient nombreux et souvent dramatiques: maladies du foie, cancers, fragilité osseuse…

Le phénomène touchait toutes les couches de l’organisation sportive. L’élite, bien sûr, mais également les sélections régionales. « Au moins, au niveau de l’équipe nationale, il y avait des médecins pour surveiller les doses et en assumer la responsabilité. Mais qui se souciaient des équipes régionales ? »

En juillet 1988, deux mois avant les Jeux de Séoul, sa hiérarchie a demandé à Xue Yianxin d’injecter des drogues pour booster les performances du gymnaste Li Ning. Elle a refusé. Les représailles n’ont pas tardé. Elle a perdu son emploi. Son téléphone a été surveillé. Une voiture de police était stationnée en permanence devant chez elle.

Avant les Jeux olympiques de Pékin en 2008, elle raconte avoir reçu une visite du vice-directeur du bureau national des sports. On lui a demandé très fermement de ne rien dire de « défavorable contre la nation ». Xue Yianxin s’est enfuie en Allemagne, en 2015, avec son fils et sa belle-fille en juin, afin d’y demander asile. Ils ont été transférés dans un camp de réfugiés à Mannheim.