Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2026, le plus court sera le mieux

— Publié le 2 octobre 2017

La roue tourne. Et elle tourne vite. Deux semaines après avoir attribué d’un coup deux éditions des Jeux d’été, le CIO a chaussé ses après-skis et enfilé une paire de moufles. Après l’été, l’hiver. L’organisation olympique a lancé vendredi 29 septembre, dans la plus grande discrétion, le processus de sélection de la ville-hôte des Jeux d’hiver en 2026. Il était annoncé comme une nouvelle page dans l’histoire des candidatures aux Jeux. Il s’avère nouveau, certes, mais peu susceptible de modifier durablement la donne.

Les nouveautés, d’abord. Elles sont réelles, mais restent timides. Jusque-là, la campagne de candidature durait deux ans, été comme hiver. Elle a été raccourcie à 18 mois. Objectif: réduire les coûts pour les villes en course. Surtout, le processus est désormais scindé en deux phases. La première est consacrée au « dialogue ». Elle vient de débuter. Elle durera une année. Au cours de ces 12 mois, les villes « intéressées » par une candidature aux Jeux d’hiver 2026 sont invitées à discuter avec l’administration du CIO de la réalité de l’événement olympique, sur tous les aspects possibles, à commencer par celui du budget. Une discussion censée s’accompagner de conseils sur la meilleure façon de faire monter une mayonnaise olympique.

Dans le même temps, un groupe de travail sera missionné par le CIO pour étudier en détail les atouts et les faiblesses des villes dites intéressées. Il devra rendre un rapport à la commission exécutive, laquelle proposera aux membres une liste de dossiers à retenir lors de la session du mois d’octobre 2018, prévue en marge des Jeux de la Jeunesse à Buenos Aires. Les villes candidates devront ensuite déposer officiellement leur projet au plus tard le 11 janvier 2019.

Enfin, le nombre de présentations officielles des candidatures est réduit à seulement deux exercices. Pour chacun d’eux, les équipes en lice auront droit à un nombre restreint de personnes accréditées.

En clair, une campagne raccourcie, une phase de dialogue avant le lancement officiel de la course, la possibilité pour les villes intéressées de recevoir une aide du CIO avant de mettre le moteur en route, une réduction des coûts. Le processus sonne très Agenda 2020. Pas sûr, pour autant, qu’il inverse la tendance.

Le calendrier, maintenant. Il a débuté dès vendredi 29 septembre avec la publication, sur le site Internet officiel du CIO, des modalités du processus de candidature. Un document de 57 pages disponible seulement en anglais. La phase d’invitation se terminera en octobre 2018. La campagne officielle débutera le 11 janvier 2019, date limite pour le dépôt des dossiers. La commission d’évaluation se rendra dans les villes candidates en mars ou avril 2019. Les équipes de candidature seront ensuite invitées à Lausanne, en juillet 2019, pour une présentation de leur projet devant les membres du CIO et les fédération internationales des sports d’hiver. Le vote de la ville-hôte des Jeux d’hiver 2026 se déroulera lors de la session de Milan en septembre 2019.

Le chiffre, enfin. Le CIO l’a écrit en toutes lettres: sa contribution à l’organisation des Jeux d’hiver 2026 devrait s’élever à 925 millions de dollars, soit 785 millions d’euros au cours actuel.

A ce jour, le CIO n’a pas encore enregistré une seule candidature officielle. Normal. Mais l’organisation olympique recense quatre villes potentiellement intéressées: Sion en Suisse, Innsbruck en Autriche, Calgary au Canada, Stockholm en Suède. Correct. Seul ennui: chacune d’entre elle devra surmonter un sérieux obstacle avant de poursuivre la course. A Innsbruck, un référendum sur les Jeux de 2026 est prévu le 15 octobre. A Calgary, le Conseil municipal tarde à prendre une décision définitive. A Sion, il faut encore à l’équipe en charge du projet obtenir le feu vert du gouvernement fédéral, voire franchir l’étape toujours incertaine d’une votation populaire. Enfin, il n’est pas acquis que le dossier de Stockholm reçoive les garanties des autorités politiques suédoises.

La publication du processus de sélection suffira-t-elle à faire sauter tous les verrous, en Europe comme au Canada? Pas sûr. Ailleurs, plusieurs autres projets pourraient se concrétiser dans les mois à venir. Aux Etats-Unis, où l’USOC doit discuter du sujet plus tard au cours de ce mois d’octobre. En Turquie, où une candidature de la ville d’Erzurum a été évoquée. Au Kazakhstan, où il se dit que le dossier d’Almaty, battu de quatre voix par Pékin dans la course aux Jeux de 2022, pourrait être ressorti et réactualisé. Enfin, les Japonais préparent tranquillement une candidature de Sapporo. L’Asie, encore une fois?