— Publié le 19 septembre 2017

Le double vote 2024-2028, une idée des Américains

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Thomas Bach n’a jamais été un homme de confidence. L’Allemand sait mesurer ses propos, au risque de les vider de leur substance. Mais il lui plaît parfois de surprendre son monde en lâchant, ici ou là, sans prévenir, un aveu ou une anecdote. Il l’a fait lundi 18 septembre, à Los Angeles, avant de boucler ses malles après une visite de deux jours dans la ville-hôte des Jeux d’été en 2028 (photo ci-dessus).

Le sujet du jour: le double vote 2024-2028, concrétisé une semaine plus tôt par la session du CIO à Lima. Thomas Bach a l’a évoqué longuement avec les médias présents à l’Hôtel de Ville de Los Angeles, après une conférence de presse commune avec Eric Garcetti, le maire de la métropole californienne. A la question de savoir pourquoi les Américains s’étaient très vite montrés plus ouverts que les Français à l’option 2028, le dirigeant allemand a avoué que le double vote n’était pas son idée, mais celle des Américains.

Elle serait venue de Larry Probst, le président du comité olympique américain et membre du CIO. A en croire Thomas Bach, Larry Probst lui aurait glissé à l’oreille le scénario d’un double vote à l’automne dernier. « Il m’en a parlé le premier, a assuré Thomas Bach. Puis l’idée a mûri dans mon esprit pendant quelques semaines. »

Le déclic se serait produit en novembre 2016, pendant l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO), organisée à Doha, au Qatar. Thomas Bach explique avoir eu une longue conversation avec Eric Garcetti, en marge des débats. Les deux hommes ont marché d’un même pas le long de la mer. « Il devait faire 45° et 120% d’humidité, se souvient le président du CIO. J’ai évoqué avec Eric Garcetti la possibilité d’un double vote. Il a prétendu ne jamais en avoir entendu parler, mais je suis à peu près sûr du contraire. A partir de là, j’ai compris que nous pouvions avancer dans cette direction et continuer à en discuter. »

A en croire Thomas Bach, la réunion de Doha, en novembre 2016, a constitué une étape charnière dans la campagne pour les Jeux. « Elle m’a donné l’occasion de mieux connaître le maire et l’équipe de L.A, dit-il. J’ai su que le CIO pouvait leur faire confiance. »

La suite est connue. Quelques semaines plus tard, Thomas Bach a évoqué publiquement, à Lausanne, le scénario d’un double 2024-2028. « Je voulais prendre la température, voir quelles allaient être les réactions. » Mais l’Allemand le reconnaît: « Les premiers temps, la tendance n’était pas vraiment favorable parmi les membres du CIO. A peu près personne ne soutenait le projet. »

Un peu plus de six mois plus tard, en juillet 2017, la session extraordinaire du CIO l’a pourtant validé à l’unanimité. Les doutes ont été balayés comme un amas de poussière. Les sceptiques du premier jour, dont l’Australien John Coates, alors vice-président, se sont rangés parmi les plus fervents soutiens du double vote.

En replaçant les faits dans le contexte du moment, la suggestion des Américains apparaît comme un coup de génie. A l’époque, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche est présentée comme un handicap quasi insurmontable pour la candidature de Los Angeles 2024. Les Américains le savent. Thomas Bach également. A Doha, en novembre, l’effet Trump domine toutes les conversations. L’équipe de L.A s’en sort avec brio lors de la présentation de son projet et de sa vision devant l’assemblée générale de l’ACNO. Mais il ne fait de doute pour personne que ses chances sont désormais plus réduites.

Officiellement, les Californiens ont longtemps fermé la porte à l’option 2028. En mars dernier, Eric Garcetti a suggéré lors d’une interview à Fox 11 que, s’il devait y avoir une double attribution, « Los Angeles devrait arriver en premier. » Un mois plus tard, à la Convention SportAccord à Aarhus, le directeur général de la candidature, Gene Sykes, a assuré à FrancsJeux viser 2024 et seulement 2024.

En coulisses, une autre histoire s’est jouée. Et plutôt très bien jouée.