Candidatures

Et maintenant, place au grand jeu de la négociation

— Publié le 13 juillet 2017

Dur métier. A peine la lumière a-t-elle été éteinte au SwissTech Convention Center de Lausanne, au terme d’une session extraordinaire du CIO jugée historique, qu’il faut aux équipes de Los Angeles et Paris se retrousser les manches pour trouver un accord. Pas le temps de souffler. « Un accord sinon le vote », a bien précisé Thomas Bach, mardi soir, après le vote unanime pour une double attribution 2024-2028. Le message est clair.

A en croire les uns et les autres, les discussions ont déjà commencé. L’échange entre les maires des deux villes concurrentes, Anne Hidalgo et Eric Garcetti, mardi après-midi à l’extérieur de l’auditorium du SwissTech, n’a échappé à personne. Il se serait poursuivi, dans un cercle plus large, le soir même à l’occasion d’un dîner.

Thomas Bach en a fait l’aveu, les premiers échanges ont été « informels ». Mais, selon le président du CIO, ils devraient prendre une tournure plus formelle aujourd’hui et vendredi 14 juillet, à Lausanne. Eric Garcetti et Anne Hidalgo ont quitté la Suisse dès mercredi, mais les deux équipes ont laissé dans la capitale certains de leurs décideurs. Côté américain, le directeur général de la candidature, Gene Sykes, a prolongé son séjour à Lausanne.

Selon plusieurs sources, les discussions ne devraient pas traîner en longueur. Thomas Bach a laissé entendre que l’issue des négociations pourrait être connue dans la troisième semaine du mois d’août. Elle serait alors rendue publique. « Nous pourrons ainsi bien préparer la session de Lima », suggère le dirigeant allemand. Une session où les membres du CIO auront alors seulement à valider un scénario déjà rédigé en toutes lettres.

Thomas Bach l’a expliqué: « Nous ne voulons pas arriver à Lima et devoir encore négocier une fois sur place. Mais à en juger par la réaction des deux maires après l’annonce des résultats du vote, je peux me montrer optimiste. » Pour la petite histoire, l’idée de monter sur la scène pour y rejoindre Thomas Bach, mardi en fin d’après-midi, est venue du maire de Los Angeles, Eric Garcetti. « Il m’a regardé et m’a glissé: « Et si nous montions à la tribune? » Je lui ai dit ok », a confié Anne Hidalgo à Lausanne.

Côté français, les négociations vont être menées par Tony Estanguet, le co-président de Paris 2024, et Etienne Thobois, le directeur général de la candidature, assistés pour la Mairie de Paris par Jean-François Martins, l’adjoint aux Sports et au Tourisme. Chez les Américains, Casey Wasserman et Gene Sykes, respectivement président et directeur général de LA 2024, prendront place autour de la table.

Le rôle du CIO? Crucial, semble-t-il. L’organisation olympique veut laisser les deux villes trouver un accord sur la répartition des deux éditions, mais sans leur confier toutes les clefs de la maison. Christophe De Kepper, le directeur général, et Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques, représenteront leur employeur.

La chronologie des deux prochains mois reste enveloppée d’une zone d’ombre, mais on en connaît certains éléments. Dans un premier temps, le CIO doit revoir sa copie, avant de renvoyer aux deux candidatures un nouveau contrat de ville-hôte, incluant cette fois l’option 2028. Le courrier est censé partir de Lausanne dès la semaine prochaine.

Il reviendra alors aux deux camps d’en étudier patiemment, mais sans s’éterniser, tous les chapitres, assistés de leurs avocats respectifs, pour apporter d’éventuelles modifications. Pas simple.

Reste une question, LA question: qui pour 2024, qui pour 2028? A Lausanne, il semblait entendu ces deux derniers jours que tout désignait Paris 2024 puis Los Angeles 2028. A commencer par les propos tenus côté californien par Casey Wasserman et Eric Garcetti. « Pour nous, il s’agit de servir le mouvement olympique bien au-delà de 2024 », a insisté le premier. Le second a raconté en conférence de presse: « A Los Angeles, j’ai toujours dit que nous pourrions faire les Jeux quasiment dès demain… Mais, si vous le voulez, nous pouvons aussi les faire dans 50 ans. »

Place à la négociation, donc. Avec le CIO dans le rôle d’arbitre. Et, pour Los Angeles, une belle occasion de mener le jeu, imposer ses conditions, notamment sur le plan financier, en échange d’un supplément de patience.