— Publié le 1 juin 2017

Avec Thomas Weikert, le ping mondial reste allemand

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Jean-Michel Saive était prévenu, mais il se disait prêt à relever le défi: pour disputer à l’Allemand Thomas Weikert la présidence de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF), mercredi 31 mai, le Belge jouait à l’extérieur. Il le savait. L’élection s’est déroulée à Düsseldorf, en Allemagne, en marge des championnats du Monde individuels. En terrain adverse pour l’ancien numéro 1 mondial. « David contre Goliath », a suggéré Jean-Michel Saive au terme du scrutin. Pas faux.

Le résultat n’a pas inversé la logique. Appelé à la présidence de l’ITTF en 2014, après le retrait volontaire du Canadien Adham Sharara, Thomas Weikert a raflé la mise. Un succès qui sonne comme une première victoire pour le dirigeant allemand, âgé de 55 ans. Mais le score reflète l’intensité de la bataille: 118 voix pour Thomas Weikert, 90 pour Jean-Michel Saive. « Il n’y a pas de regret, a déclaré l’ancien joueur belge au micro de la RTBF. C’était une campagne incroyable depuis plus d’un an. C’était un défi un peu fou, mais finalement pas loin d’être gagné parce que ça ne se joue pas à énormément de voix. »

Rien n’a été simple. Au cours des dernières semaines, les deux rivaux se sont disputés les soutiens des continents, l’Allemand assurant avoir dans la poche le clan européen, le Belge répliquant en étalant les cartes d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique Latine. Adham Sharara, l’ancien président de l’ITTF, toujours très influent, se serait immiscé dans la bataille. L’Allemand l’a accusé d’avoir activement aidé son rival. Selon Insidethegames, il aurait même refusé de lui serrer la main au terme du scrutin, mercredi 31 mai, prétendant que le Canadien aurait « voulu le détruire. »

A Düsseldorf, mercredi, Thomas Weikert et Jean-Michel Saive ont eu chacun dix minutes pour exprimer devant l’assistance, une assemblée très cosmopolite des représentants de 167 fédérations nationales, leur programme et leur vision de l’avenir du tennis de table mondial. De l’avis général, le Belge s’est révélé très convaincant, apportant à sa présentation une touche très personnelle, s’exprimant en plusieurs langues. Mais les dès étaient sans doute déjà jetés.

La victoire de Thomas Weikert sera la dernière. L’Allemand l’a annoncé: il ne postulera pas à un nouveau mandat au terme de l’actuelle olympiade. Il rendra les clefs de son bureau en 2021, après six années de présidence. Jean-Michel Saive pourrait alors être tenté de se lancer une deuxième fois dans la bataille. Il n’en a pas exclu l’hypothèse.

En attendant, l’Allemand peut piloter l’ITTF sans craindre la contestation interne: les huit vice-présidents élus mercredi 31 mai lors de l’assemblée générale, sur les 14 postulants, appartiennent tous à son camp. Une garde rapprochée composée du Chinois Shi Zhihao, la Suédoise Petra Sörling, le Japonais Masahiro Maehara, l’Argentin Nestor Tenca, le Canadien Bruce Burton, le Néo-Zélandais James Morris, l’Egyptien Alaa Meshref, et le Qatari Khalil Al-Mohannadi.

Sa victoire acquise, Thomas Weikert a répété sa conviction que le tennis de table est prêt aujourd’hui à « entrer dans une nouvelle phase de croissance, marquée par l’arrivée de nouveaux joueurs et fans ». Il a également promis pour l’ITTF un avenir dominé par des principes de « bonne gouvernance, intégrité et transparence. »

La journée bouclée, le nouveau comité exécutif a quitté d’un pas alerte, Thomas Weikert en tête, l’immense salle du Centre de Congrès de Düsseldorf. Au programme de la soirée, un dîner avec Thomas Bach, le président du CIO. Une affaire allemande.