Candidatures

Pour l’emporter, Los Angeles 2024 se met au français

— Publié le 21 mars 2017

Entre Los Angeles et Paris, il n’existera peut-être pas de vrai perdant, le 13 septembre prochain, s’il prenait au CIO l’envie de concrétiser pour de bon son idée d’un double vote 2024-2028. Mais en attendant, les deux villes candidates ne perdent pas une occasion de chercher à marquer des points l’une contre l’autre. Sur tous les terrains.

Le dernier épisode est linguistique. Lundi 20 mars, l’équipe californienne n’a pas laissé passer une opportunité proposée par le calendrier, la Journée internationale de la francophonie, pour marcher sur les terres de sa rivale parisienne. Elle a annoncé via un communiqué entièrement rédigé dans un français d’école qu’elle faisait « vœu d’honorer et de promouvoir le rôle de la langue française au sein du Mouvement olympique, si Los Angeles est élue ville hôte des Jeux de 2024. »

En d’autres temps, l’annonce aurait pu sembler très anecdotique. Elle l’est, surtout à l’échelle d’une campagne où les enjeux dépassent largement le cadre d’une posture linguistique. Mais le communiqué de LA 2024 se présente comme une pique dans le dos de l’équipe de Paris 2024, critiquée sur ses propres terres depuis la présentation, jugée par certains trop prioritairement anglophone, de son slogan de campagne: « Made for sharing », « Venez partager ».

La candidature américaine l’annonce: elle ne se « contentera pas de mettre en œuvre la Règle 23 de la Charte olympique sur le bilinguisme – français et anglais – des annonces et de la signalétique des Jeux Olympiques et des Jeux Paralympiques. » Sans craindre l’excès de zèle, elle assure qu’elle « veillera, par surcroît, à la présence de bénévoles francophones qui apporteront un soutien linguistique aux athlètes et autres participants et leur feront se sentir comme chez eux, dans la « cité des anges ». En outre, LA 2024 s’engage à rendre hommage, tout au long de l’Olympiade culturelle, aux influences francophones sur la culture américaine et internationale, ainsi qu’à entretenir le soutien de l’Amérique pour les Mouvements olympique et paralympique dans le monde francophone. »

En soi, rien de nouveau. La présence de volontaires francophones aux Jeux olympiques existe depuis plusieurs olympiades. L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a mis en musique et développé de longue date un programme d’assistance aux comités d’organisation. Elle envoie sur place des jeunes bénévoles appelés à assister les délégations francophones. Mais jamais une équipe de candidature n’en avait fait, comme LA 2024, un argument de campagne.

Casey Wasserman, le président de LA 2024, force le trait: « Au nom de nous tous, au sein de LA 2024, je transmets nos vœux les plus chaleureux à l’ensemble des francophones de la planète, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie. »

L’équipe américaine ne masque pas ses intentions: séduire le monde francophone. Son communiqué insiste sur le rôle joué par l’USOC, « partenaire fier et résolu du développement des CNO francophones, à l’échelle de la planète, y compris des Comités Nationaux Olympiques francophones de l’ACNOA. »  Il explique que des « athlètes, entraîneurs et administrateurs de pays comme le Sénégal, l’Algérie, la Tunisie et le Rwanda ont pris part à des programmes d’échange, à Colorado Springs ». Il rappelle que l’USOC a parrainé des stages CISA Kids pour jeunes sportifs à Dakar et Alexandrie. Il mentionne que le comité olympique américain s’est également associé au CIO pour fournir du matériel et des vêtements à son centre « Sport pour l’espoir » en Haïti.

Double vote ou pas, Los Angeles et Paris n’ont qu’une idée: sortir en tête des votes du CIO pour les Jeux de 2024. La bataille ne fait peut-être que commencer.