— Publié le 27 février 2017

Un match à trois sur fond de candidature olympique

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Ils seront donc trois. Deux hommes et une femme. Un sortant et deux opposants. Trois candidats à la présidence du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Après Denis Masseglia (ci-dessus, à droite), l’actuel président, parti le premier en campagne, puis David Douillet (à gauche), le double champion olympique de judo, un troisième nom est venu compléter la liste. Isabelle Lamour (au centre), la présidente de la Fédération française d’escrime (FFE), a annoncé à son comité directeur, selon lequipe.fr, sa décision de se lancer dans la bataille. Elle devrait l’officialiser au cours de la semaine.

La candidature d’Isabelle Lamour était attendue. David Douillet avait, lui aussi, fait part très tôt de ses ambitions. Il s’en était même ouvert à Denis Masseglia avant de se déclarer officiellement. Le match à trois pour la présidence du CNOSF respecte donc pour l’instant un scénario prévisible. Il n’en reste pas moins inédit. Jamais, en effet, une femme n’avait brigué la fonction suprême. Isabelle Lamour, née Spennato, ancienne escrimeuse de haut niveau, sélectionnée aux Jeux de Séoul en 1988 puis de Barcelone en 1992, entre dans l’histoire.

Sur le papier, les trois rivaux présentent des arguments très différents. Denis Masseglia, le sortant, possède les clefs de la maison. Toujours utile. Mais il est le plus âgé du trio. Il fêtera en novembre prochain son 70ème anniversaire. A quelques mois près, il n’aurait pas pu se lancer dans la course, les statuts du CNOSF fixant à 70 ans l’âge limite pour briguer la présidence. Le Marseillais, ancien président de la Fédération française d’aviron, ambitionne un troisième mandat.

David Douillet, 48 ans, est le plus jeune de la course. Champion olympique des poids lourds en 1996 et 2000, l’ex judoka se pose en « sauveur du sport français ». Rien de moins. Ancien ministre des Sports (septembre 2011 à mai 2012), député Les Républicains des Yvelines, il est le plus marqué politiquement du trio. Pas sûr qu’il puisse en tirer un avantage, surtout en pleine période électorale. Il est notamment soutenu par Jean-Luc Rougé, l’influent président de la Fédération française de judo, lui-même ex candidat à la présidence du CNOSF.

Isabelle Lamour, 51 ans, se démarque de ses deux rivaux en étant la seule femme présidente d’une fédération française d’un sport olympique. Tout à la fois une force et une faiblesse. Elle bénéfice d’une bonne réputation dans le mouvement sportif. Elle est l’épouse de Jean-François Lamour, l’ancien ministre des Sports (mai 2002 à mai 2007). Elle serait soutenue par plusieurs poids lourds du sport français, tous présidents de fédération, dont Alain Bertholom (lutte) et Jean-Jacques Mulot (aviron).

Détail crucial: l’élection à la présidence du CNOSF se tiendra le 11 mai 2017 à la Maison du Sport français, siège de l’organisation. Une date tout sauf anecdotique, coincée entre le 2ème tour de la présidentielle (7 mai), et la visite dans la capitale de la commission d’évaluation du CIO pour les Jeux de 2024 (14 au 16 mai). Pas simple. Les deux événements devraient jouer un rôle majeur dans l’élection. Un rôle sans doute décisif.

Trois jours après son élection, le président du CNOSF devra participer en tête de cortège à l’accueil à Paris de la délégation du CIO, conduite par le Namibien Frankie Fredericks. Une commission qui aura visité Los Angeles, seul rivale de la capitale française, entre le 23 et le 25 avril. En renouvelant leur confiance à Denis Masseglia, les votants opteraient pour la continuité, assurant au sortant de poursuivre le boulot entamé depuis plus de 2 ans. Dans le cas contraire, le nouvel élu devra se lancer dans le grand bain de la campagne olympique sans avoir eu le temps de s’échauffer.

Dans tous les cas, le nouveau président du CNOSF jouera un rôle majeur pendant les derniers mois de la campagne de Paris 2024. Tout comme le futur secrétaire d’Etat ou ministre des Sports, dont l’identité est elle aussi encore inconnue.