— Publié le 15 février 2017

A PyeongChang, la route des Jeux reste tortueuse

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Semaine chargée à PyeongChang. Chargée et cruciale. A une année des Jeux d’hiver 2018, la Corée du Sud s’active à recevoir l’élite des disciplines olympiques à l’occasion des incontournables « test events ». Pour cette seule semaine, le programme des réjouissances recense six épreuves pré-olympiques sur les sites de PyeongChang et Gangneung. Au total, le comité d’organisation (POCOG) doit en mettre 26 en musique, entre novembre 2016 et avril 2017. Copieux.

Un premier bilan sera dressé à la fin du mois de février. Il sera globalement positif, mais révélera certaines zones d’ombre. Le refrain est connu. Premiers concernés, les athlètes se disent « impressionnés » par la qualité de l’accueil et le professionnalisme de l’organisation. Exemple: les lugeurs américains. Interrogé par USA Today, Matt Mortensen ne cache pas son plaisir. « Les Coréens font les choses bien, même très bien, raconte-t-il. Tout le monde a l’air très heureux à la perspective de recevoir la planète entière. Ils nous posent énormément de questions. »

Délicate attention: le bus conduisant l’équipe américaine vers son hôtel, depuis l’aéroport de Séoul, a fait une halte pour permettre aux lugeurs de déjeuner. Encore plus apprécié: les volontaires ont fourni aux athlètes des codes de connexion Internet dès leur arrivée dans le pays. Nettement plus inattendu : les lugeurs ont pu choisir la musique qu’ils souhaitaient entendre dans la zone de départ de la compétition. Sympa.

Ailleurs, l’herbe est moins verte. Principaux sujets d’inquiétude, à une année de l’événement: le logement et les transports. Les représentants des comités nationaux olympiques, réunis en début de mois pour le traditionnel séminaire des chefs de mission, auraient déjà tiré le signal d’alarme. Trouver un toit à proximité des sites olympiques s’annonce complexe. Atteindre les lieux de compétition ne sera pas non plus chose facile.

L’équation s’avère délicate. En temps normal, PyeongChang avoue une population de 44.000 habitants. Gangneung, l’autre pôle d’attraction des Jeux d’hiver en 2018, en recense 217 000. Les deux villes manquent d’hôtel. Selon plusieurs sources, le nombre de chambres serait très insuffisant pour les officiels sur le cluster des montagnes, où sont concentrées les disciplines de neige. Le comité d’organisation en serait conscient. Il doit proposer des solutions au CIO dans les semaines à venir.

Moins inquiétant, mais très médiatique, la table. Le Korea Herald relève, cette semaine, qu’il serait quasiment impossible de trouver autre chose que des plats coréens dans les restaurants situés à proximité des sites olympiques. La presse locale s’en serait alarmée. A PyeongChang, dénicher un restaurant occidental dans la zone de compétition tient de la chasse aux trésors. Selon un porte-parole du POCOG, le problème a été identifié. « Il sera réglé avant les Jeux. »

Plus délicate, la question des transports. Les routes conduisant aux sites olympiques s’avèrent nettement trop étroites pour absorber l’afflux d’athlètes, officiels, médias et surtout spectateurs. En fin de semaine passée, les organisateurs en ont fait la douloureuse expérience à l’occasion d’un festival international de feux d’artifice à Gangneung. L’événement a attiré environ 150.000 spectateurs. Mais beaucoup d’entre eux n’ont jamais pu atteindre les tribunes montées pour l’occasion. Ils sont restés bloqués dans un embouteillage monstre. Le CIO l’a admis: « Aller d’un site à l’autre risque de prendre un peu plus de temps que prévu. »

A en croire les Sud-Coréens, la mise en service du futur train à grande vitesse entre Séoul et PyeongChang devrait résoudre tout à la fois le problème du transport et la question du logement. En réduisant de moitié le temps de trajet, actuellement estimé à 4 heures, il permettra aux spectateurs, locaux notamment, de se rendre sur les sites sans avoir besoin de loger sur place. Surtout, il devrait largement réduire le nombre de voitures roulant vers les zones olympiques.

Mais la ligne ferroviaire ne sera pas ouverte avant le mois de juin. Elle ne sera pas accessible au public avant la fin de l’année 2017. Surtout, le dernier train est prévu à 23 heures. Trop tôt, selon plusieurs observateurs, pour permettre aux spectateurs des épreuves les plus tardives de rentrer à Séoul le soir même.