Candidatures

Vendredi 7 octobre, la journée des dossiers

— Publié le 7 octobre 2016

Journée de remise des copies, ce vendredi 7 octobre 2016, pour les trois (quatre?) candidats encore en lice pour les Jeux d’été en 2024. Le CIO avait fixé cette date aux postulants comme dernier délai pour lui remettre le deuxième dossier de candidature. Le moins épais des trois, mais à coup sûr le plus important. Selon les termes du processus, il est consacré à la gouvernance, aux questions légales et aux garanties financières. Le dossier tient en une vingtaine de pages où les villes candidates répondent aux 23 questions posées par l’organisation olympique. Mais les annexes, où est compilée la somme des garanties, donne à l’ensemble un aspect nettement plus lourdingue. L’équipe de Paris 2024, par exemple, a rassemblé 230 pages de garanties, paraphées par 80 signataires.

Comme souvent dans la course aux Jeux, ce dépôt du dossier devant la porte du CIO, à Lausanne, se révèle purement symbolique. Le travail a été fait en amont. Il se poursuit en coulisses. Mais il offre aux équipes de candidature l’opportunité d’un buzz médiatique. Paris, par exemple, invite les journalistes en milieu d’après-midi au Parc des Expositions du Bourget, pour une conférence de presse où l’intervenant vedette sera Manuel Valls. Le Premier ministre doit annoncer l’engagement financier de l’Etat. Il devrait atteindre 1 milliard d’euros, une coquette somme à ajouter aux chèques déjà promis par la ville de Paris (145 millions d’euros) et la région Ile-de-France (209 millions d’euros).

Soyons clairs : la partie dite « légale » de ce deuxième dossier n’intéresse personne. Les deux autres, en revanche, donnent un aperçu assez précis de l’environnement politique et de la vision des postulants en termes de dépenses et de ressources. Tout sauf anodin, donc.

A ce stade de la course, les trois rivaux ont encore l’allure fringante et le teint rosé. Normal. Les premières défaillances surviendront plus tard. Paris sort d’une visite de Thomas Bach très réussie, de l’avis général, au terme de laquelle le président du CIO s’est dit « impressionné ». Son dossier révèle une sérieuse application à effacer toutes possibles zones d’ombre. En plus des garanties dites obligatoires (Etat, région, ville), l’équipe de candidature a fait signer toutes les organisations syndicales. Pas inutile. Elle a également fait le tour des potentiels candidats à l’élection présidentielle du printemps 2017. Un marathon politique dont elle a ramené un carton plein de signatures.

A Los Angeles, les clignotants sont également au vert. L’équipe de candidature a récemment changé ses plans, ajoutant trois nouveaux sites (Anaheim, Long Beach et Pacific Palisades) à sa carte des Jeux. Mais l’unanimité politique reste toujours aussi solide derrière le projet. Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a fait passer un texte de loi assurant une garantie de l’état de 250 millions de dollars. Le Conseil municipal a voté à l’unanimité, vendredi 30 septembre, les garanties financières à apporter à l’équipe de candidature.

Enfin, les relations entre l’USOC et LA 2024 sont au beau fixe depuis la signature d’un « Joint Marketing Programme Agreement » sur le partage des recettes commerciales des Jeux. Un document censé figurer dans le deuxième dossier de candidature remis ce jour au CIO. Seul poil à gratter dans le dos de l’équipe californienne: les propos très inattendus, et pour le moins maladroits, de Barack Obama dans le New York Magazine. Revenant sur la campagne malheureuse de Chicago pour les Jeux de 2016, le président américain suggère que les décisions du CIO, comme celles de la FIFA, seraient « truquées ».

Pas de mauvaise surprise non plus à attendre de Budapest. Le Premier ministre, Viktor Orban, s’engage au nom de l’Etat derrière la candidature. Fervent soutien du projet, il avait fait le voyage à Rio pour les Jeux, accueillant personnellement Thomas Bach à la Maison de Hongrie, à l’occasion d’une soirée internationale organisée à la veille de la Fête nationale hongroise. Les soutiens de la ville et du Parlement sont également depuis longtemps acquis pour Budapest 2024. Une nouvelle menace de référendum sur le projet olympique est brandie devant Balasz Furjes et son équipe, depuis jeudi 6 octobre, par la journaliste Katalin Erdelyi. Elle a été approuvée par le comité électoral de Budapest mais pourrait bien être, une nouvelle fois, rejetée par la Cour Suprême.

Reste le cas de Rome. La candidature italienne n’est pas encore officiellement retirée de la course. Son équipe pourrait, dit-on, déposer son dossier ce vendredi au CIO. Pour la forme.