— Publié le 9 septembre 2016

Thomas Bach, un témoin peu pressé de témoigner

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L’affaire Patrick Hickey fera-t-elle trembler les murs du CIO ? Alors que le dirigeant irlandais est toujours placé en résidence surveillée à Rio de Janeiro, le nom de Thomas Bach (notre photo, avec Patrick Hickey) est désormais cité avec insistance dans l’enquête de la police brésilienne sur un trafic de billets aux Jeux de 2016. La police de Rio a fait savoir, jeudi 8 septembre, qu’elle souhaitait entendre le président du CIO comme « témoin » pour avancer dans ses investigations.

Ronaldo Oliveira, le chef de la police civile de Rio, a expliqué très clairement au cours d’une conférence de presse: « Nous voulons entendre Thomas Bach comme témoin, car il a été cité dans des courriels et nous voulons tirer au clair certains doutes. »

Que reproche-t-on exactement au président du CIO? A ce stade de l’enquête, rien de très répréhensible. Les policiers brésiliens ont mis la main, au cours de leur investigation, sur des messages électroniques envoyés par Patrick Hickey à Thomas Bach en juillet 2015. Dans l’un d’eux, l’Irlandais sollicite plus de billets pour les Jeux de Rio que le quota initialement attribué par le CIO à son comité national olympique.

Selon Ricardo Barboza de Souza, le commissaire des fraudes à Rio de Janeiro, Patrick Hickey expliquait à Thomas Bach dans sa correspondance électronique avoir obtenu plus de places pour les Jeux de Londres en 2012. Pour Rio 2016, il a demandé un nouveau contingent de billets pour certaines des sessions les plus convoitées, dont les cérémonies d’ouverture et de clôture, les finales de basket et de football, la finale du 100 m en athlétisme. Au total, sa demande portait sur un millier de places supplémentaires.

A en croire les enquêteurs brésiliens, Thomas Bach n’a pas répondu au mail envoyé par Patrick Hickey en juillet 2015. « Mais nous savons que M. Hickey a obtenu 296 billets supplémentaires pour les JO de Rio, a assuré Ricardo Barboza de Souza. C’est pourquoi nous voulons entendre le président du CIO. »

Cet échange de courriels, publié par le site internet du média brésilien O Globo, a été retrouvé par les enquêteurs sur le disque dur de l’ordinateur de Martin Burke, le directeur des sports du comité olympique irlandais. Un nouveau personnage de l’affaire placé illico sur la liste des suspects.

Seul ennui, mais de taille: Thomas Bach n’est pas à Rio de Janeiro. Il n’a pas assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, mercredi 7 septembre, une première pour un président du CIO depuis 32 ans. Il se trouvait le même jour aux obsèques de l’ancien président allemand Walter Scheel, décédé le mois précédent à l’âge de 97 ans.

A ce stade de l’histoire, il n’est pas acquis que Thomas Bach se rende aux Jeux paralympiques avant le baisser de rideau, dimanche 18 septembre. Le service de presse du CIO a précisé qu’il ne comptait pas « pour le moment » faire le voyage vers le Brésil.

« S’il entre au Brésil, nous allons le convoquer pour témoigner, mais cela ne le met pas en position de suspect », a clarifié jeudi 8 septembre le commissaire Aloyso Falcao. Perfide, le Brésilien a ajouté: « Le comité d’organisation de Rio 2016 a toujours collaboré, et beaucoup, à l’enquête, contrairement au CIO. »