— Publié le 5 septembre 2016

Le dopage en Russie rattrape la FINA par le maillot

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Parfum de crise dans la natation mondiale. Moins d’un mois après un festival olympique marqué par un monumental Michael Phelps et une flopée de records du monde, la FINA est menacée de prendre l’eau. Trois membres de sa direction des contrôles antidopage (DCRB) ont rendu leur tablier, au cours du week-end. En cause, l’éternelle question du dopage en Russie. Encore et toujours.

L’annonce de la démission des trois experts de la lutte antidopage, dont le patron de la DCRB, le professeur canadien Andrew Pipe (photo ci-dessous), a été révélée par la chaîne irlandaise RTE. La FINA a rapidement confirmé la nouvelle, mais sans en préciser la raison.

L’affaire a débuté en fin de semaine passée. Les trois démissionnaires ont envoyé jeudi dernier une lettre de démission au président de la FINA, Julio Maglione. Un courrier dans lequel les trois membres de l’instance antidopage mettent en cause l’attitude trop laxiste à leurs yeux de la Fédération internationale à propos des nageurs russes et de leur participation aux Jeux de Rio.

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Andrew Pipe et ses deux acolytes avaient recommandé des critères beaucoup plus stricts. Suivant les recommandations du CIO, ils avaient demandé que les nageurs soient tous contrôlés par un « organisme crédible ». En clair, ils suggéraient que les Russes ne pouvaient pas être admis sur la seule foi de tests réalisés dans leur propre pays.

« Malgré l’expertise antidopage des individus qui composent la DCRB, la FINA a décidé d’ignorer nos recommandations, ont écrit les trois frondeurs. Notre demande d’explications est restée sans réponse, et nous nous sommes rendus compte des décisions de la FINA en regardant la compétition. »

A la différence de l’IAAF, déterminée à frapper fort en excluant la Russie dans son intégralité, à l’exception finalement très anecdotique de la sauteuse en longueur Darya Klishina, la FINA a tergiversé sur les décisions à prendre après la publication du rapport McLaren. Un pas en avant, deux pas en arrière.

A l’arrivée, une forte impression d’à peu près. Pas moins de 30 nageurs russes, sur les 37 sélectionnés, ont été directement admis aux Jeux de Rio. Les 7 exclus ont tous fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Ils ont tous été finalement admis dans la piscine olympique. Parmi eux, la brasseuse Yuliya Efimova, médaillée d’argent sur 100 et 200 m brasse.

Face à la fronde, la FINA n’a pas longtemps fait le dos rond. Elle a publié un communiqué, dimanche 4 septembre, où l’organisation se dit « surprise » de la démission de plus du tiers de la DCRB, composée de huit membres, dont le très respecté Andrew Pipe. Elle assure regretter leur départ.

Mais, très alerte à trouver un responsable à ce début de crise, la FINA pointe du doigt le CIO. « Nous tenons à rappeler que les Jeux olympiques sont un événement organisé par le Comité international olympique, précise la FINA. La décision de la participation des athlètes russes a été prises par le CIO et le TAS, et la FINA a respecté cette décision. Dans ce processus complexe, la FINA a bel et bien exprimé la position de la DCRB, mais elle ne détenait pas la décision finale. »

Faux. A l’époque des faits, moins de deux semaines avant le début des Jeux de Rio, la commission exécutive du CIO avait demandé à chacune des fédérations internationales des sports olympiques de trancher sur la question des athlètes russes. La FINA avait donc les coudées franches.