— Publié le 12 juillet 2016

Rio 2016 est prêt… mais son déficit se creuse

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Rio est prêt. A 24 jours et une poignée d’heures de la cérémonie d’ouverture. Prêt à accueillir le monde. L’affirmation n’est pas triomphaliste, elle est brandie par une experte de la cause olympique. Nawal El Moutawakel, vice-présidente du CIO, présidente de la commission de coordination des Jeux de 2016, l’a assuré lundi 11 juillet au terme de son ultime visite d’inspection dans la ville brésilienne. La dernière d’une longue série dont la Marocaine, championne olympique du 400 m haies en 1984, se souviendra comme d’un chemin tortueux et incertain.
« Rio 2016 est prêt à accueillir le monde, a expliqué Nawal El Moutawakel. Les athlètes peuvent s’attendre à séjourner dans un village olympique exceptionnel et à concourir dans des installations absolument remarquables. Avec le Corcovado et le Pain de Sucre en arrière-plan, les nouvelles installations ultramodernes des quartiers de Barra et Deodoro, en passant par le stade emblématique de Maracana et la plage de Copacabana, je ne peux imaginer décor plus spectaculaire pour les sportifs et sportives d’élite du monde entier qui viendront y faire la démonstration de leurs talents sous les yeux du monde entier. »
Voilà pour le décor. Sublime. Grandiose. On le savait. Mais le reste serait à l’avenant. Nawal El Moutawakel insiste: « Après l’organisation réussie de quarante-quatre épreuves tests, l’équipe de Rio2016 et les sites sont prêts à entrer en service. Les dernières touches de l’aménagement olympique sont maintenant apportées, avant que les athlètes ne commencent à arriver d’ici une quinzaine de jours. »

L’insécurité? Même optimisme de la part de la vice-présidente du CIO. L’organisation olympique rappelle que « les autorités brésiliennes ont réaffirmé leur engagement à offrir des Jeux sûrs, avec des forces de sécurité combinées s’élevant à 85.000 agents afin de garantir la sécurité du village olympique, des sites sportifs et des infrastructures clés, telles que les aéroports de la ville et les routes principales. Qui plus est, le personnel de sécurité de cinquante-cinq pays participera à l’effort sécuritaire pour les Jeux. »

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En apparence, tout va bien. Rio est prêt. Les Jeux peuvent (presque) commencer. Mais en coulisses, les dents grincent. En cause, l’argent. Selon l’agence Reuters, citant une source « en relation directe avec le dossier », le déficit du comité d’organisation des Jeux de 2016 attendrait actuellement entre 4 et 500 millions de réals brésiliens, soit 110 à 137 millions d’euros. Un somme qui représente 6% de son budget et environ 1% du budget global des Jeux, constructions comprises.

Sollicité par Reuters, l’équipe de Rio 2016 n’a pas confirmé l’information. L’un de ses porte-paroles, Phil Wilkinson, s’est borné à répondre que Rio et le Brésil s’apprêtaient à organiser des Jeux olympiques au budget « équilibré ».

Mais l’agence britannique suggère, sur la foi des révélations de sa source anonyme, que le comité d’organisation n’aurait jamais été capable de complètement compenser les réductions budgétaires imposées par la crise économique, malgré une politique rigoureuse de diminution des coûts. Le village des athlètes serait en grande partie à l’origine du déficit. Le comité d’organisation devait initialement s’acquitter d’une part réduite, environ 10%, du coût de sa location. Le reste devait être assuré par le gouvernement fédéral. Mais cet accord avait été négocié par l’équipe de Rio 2016 avec l’ancienne présidente, Dilma Rousseff, aujourd’hui destituée. Le nouveau gouvernement, formé par le président par intérim Michel Temer, aurait une autre approche de la question.

Pour le Brésil, la perspective d’une ardoise à effacer à la fin des Jeux constitue une sombre nouvelle. En vertu du contrat signé par une ville-hôte, un déficit des Jeux doit être comblé par la ville, la région ou l’état, et le pays. A ce jour, ces trois entités sont engluées dans la crise économique.