— Publié le 3 mai 2016

PyeongChang 2018, les Jeux sans tête

Événements Focus

La nouvelle est arrivée comme une mauvaise blague. A moins de deux ans des prochains Jeux d’hiver, alors que la Corée du Sud a mis en musique avec succès ses premières épreuves pré-olympiques, le comité d’organisation des JO de PyeongChang 2018 n’a plus de tête. Cho Yang-ho, son président (notre photo), a remis ce mardi 3 mai sa démission. Une décision à effet immédiat.

Le dirigeant sud-coréen, par ailleurs patron du groupe Hanjin, a justifié son retrait par sa volonté de mieux se concentrer sur ses responsabilités au sein de sa holding. Il l’a expliqué dans un communiqué,  précisant qu’il souhaitait se pencher sur des « affaires urgentes » au sein d’un groupe auquel appartient notamment Hanjin Shipping, la plus grande société de transport maritime du pays, victime récemment d’une très lourde perte d’exploitation.

« Toutes les personnes du comité d’organisation ont travaillé dur comme une équipe pour assurer avec succès l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang, a expliqué Cho Yang-ho, 67 ans. Je voudrais remercier ces personnes et le gouvernement de leur grand intérêt porté aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang et témoigner ma gratitude envers le Comité international olympique (CIO), le Comité olympique coréen (KOC) et les autres organisations concernées. » Très diplomatique, certainement, mais moyennement convaincant.

A peine parti, le patron du groupe Hanjin, également propriétaire de Korean Air, l’un des partenaires des Jeux de 2018, est déjà l’objet de tous les éloges en Corée du Sud. La presse nationale rappelle qu’il était à la tête du comité de candidature, en 2011, année où le CIO a désigné PyeongChang pour les Jeux de 2018, préférant le dossier coréen à ceux présentés par Munich et Annecy. Elle met surtout en avant ses réussites dans la préparation des Jeux, depuis sa prise de fonctions en juillet 2014.

Sous sa baguette, la construction des infrastructures olympiques a rapidement appuyé sur l’accélérateur. Et la controverse sur une éventuelle organisation conjointe des JO d’hiver 2018 avec le Japon a pris fin comme par miracle. Le comité d’organisation a également accueilli la première épreuve pré-olympique, une étape de la Coupe du monde hommes de ski alpin, en février dernier à Jeongseon, dans la province du Gangwon. Une épreuve plutôt bien accueillie par les officiels du CIO, de la FIS et par les athlètes.

Reste une question: pourquoi une telle démission? A l’évidence, la réponse est économique. La holding Hanjin, un groupe familial aux activités multiples, traverse une période de gros temps depuis le départ de son boss vers les Jeux d’hiver. Hanjin Shipping, sa division maritime, plus importante compagnie de transports sur les mers en Corée du Sud, est menacée de banqueroute. Sa dette approcherait les 5 milliards de dollars. Un plan de sauvegarde a été annoncé la semaine passée. Il prévoit notamment de vendre des paquebots, des bâtiments et des actions afin d’éviter la faillite.

En Corée du Sud, l’affaire est prise très au sérieux. Une banqueroute d’Hanjin Shipping se traduirait par des milliers de licenciements. Une perspective qui fait frissonner les autorités politiques. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que le ministère de la Culture, du Tourisme et des Sports ait accepté la démission de Cho Yang-ho et son départ immédiat. Mais il n’a pas encore été précisé, à Séoul, si son successeur serait désigné rapidement. Dans l’intervalle, l’intérim est assuré par un habitué, Hyungkoo Yeo, le secrétaire général du comité d’organisation.