Candidatures

Pour 2026, la Suisse met ses wagons dans le bon ordre

— Publié le 21 avril 2016

La machine est lancée. Et elle semble, cette fois, tourner dans le bon sens. Le ban et l’arrière-ban des sports d’hiver en Suisse se sont retrouvés au Musée olympique de Lausanne, mercredi 20 avril, pour une « séance d’information » sur le processus de candidature aux Jeux d’hiver en 2026. En soi, rien de révolutionnaire. Mais l’organisation même de cette journée, et la présence dans l’assistance d’une trentaine de délégués des régions, suffisent à suggérer que la Suisse s’empare du dossier olympique avec le bon bout du manche.

La démarche est inédite pour un sport suisse régulièrement renvoyé dans les cordes. Malgré sa tradition et sa position géographique, le pays n’a plus reçu les Jeux d’hiver depuis Saint-Moritz en 1948. Ses candidatures, souvent crédibles et solides, ont fréquemment été réduites en miettes par ces « votations » populaires que les cantons consomment toute l’année comme des pastilles à la menthe.

Cette fois, le comité olympique suisse (Swiss Olympic) s’emploie à placer tous les wagons du train dans le bon ordre. Une date limite a été fixée au 31 mai 2016 aux régions intéressées pour se faire connaître. Swiss Olympic organisera ensuite à leur intention, entre juin et octobre, quatre ateliers de travail et d’échanges. « L’idée est de discuter avec les régions intéressées, de savoir pourquoi et comment elles veulent organiser les Jeux, a expliqué Jörg Schild, le président du comité national olympique. Nous n’avons encore jamais fait ça par le passé. Mais nous pensons que c’est une bonne manière d’échanger des idées et créer une saine rivalité entre les régions ».

Etape suivante pour les candidats toujours en course: répondre à un questionnaire de Swiss Olympic, vers la mi-décembre, où elles devront dévoiler avec détails leur projet. Elles auront ensuite, selon toute probabilité, à convaincre la population, puis sans doute (mais pas obligatoirement) organiser un référendum. Une votation qui devra se tenir au cours du premier semestre 2017. Avantage: laisser derrière soi l’étape toujours indécise du référendum avant de déposer une candidature au CIO. En clair, ne plus répéter les erreurs du passé.

Jörg Schild le répète: « Avec l’Agenda 2020, les conditions pour recevoir les Jeux ont drastiquement changé. Nous en avons terminé avec le gigantisme à la Sotchi qui effrayait la population. Les Jeux doivent désormais revenir à une taille humaine, et c’est pourquoi la Suisse a tout pour réussir. »

L’argent? Il viendra du privé. Le président de Swiss Olympic explique: « Le budget des Jeux viendrait pour un tiers de la manne du CIO, un tiers du sponsoring et un tiers de la vente des billets et des produits dérivés. » Pas un sou d’argent public. Pas un seul appel au contribuable. Rassurant.

Rassurante, également, la démarche initiée par Swiss Olympic d’expliquer très en amont de la décision les raisons qu’aurait la Suisse d’organiser les Jeux d’hiver. En tête de liste, le tourisme. Confronté à une baisse de fréquentation de ses stations, le pays a besoin d’attirer une nouvelle clientèle. Elle pourrait être asiatique. Après PyeongChang 2018 et Pékin 2022, organiser les Jeux dans les Alpes suisses pourrait relancer durablement le secteur. « Il est dans notre intérêt de revitaliser et de développer le tourisme des sports d’hiver, puisque dans notre pays, l’économie de régions entières en dépend fortement », insiste Jörg Schild.

A ce jour, cinq ou six projets ont déjà pointé le bout du nez. Citons Swiss Alps, dirigé par Christian Constantin, le président du FC Sion, qui impliquerait six cantons. Les Grisons, Berne et la Suisse centrale seraient également intéressés. Les noms de Genève et de Lausanne sont parfois entendus dans les couloirs. « J’ai bon espoir de trouver un projet qui porterait haut les couleurs de la Suisse durant l’été 2019 (date à laquelle le CIO choisira la ville hôte des JO de 2026). Mais il est aussi possible que nous ne retenions aucune candidature, par exemple si nous n’avions aucune chance face aux autres pays », avoue Jörg Schild.

Dernière nouveauté: la création d’une « task force » dédiée au Jeux de 2026. Un groupe de travail composé de Jörg Schild, Thomas Toger, (président de Swiss Paralympic), des quatre membres suisses du CIO (Patrick Baumann, René Fasel, Gian-Franco Kasper et Denis Oswald), des anciens athlètes Didier Cuche (ski alpin) et Florence Schelling (hockey-sur-glace), de Jürg Stahl (vice-président du Conseil national), Beat Jans (conseiller national, expert en environnement), Jürg Schmid (Swiss Tourism) et Judith Bongard, project manager. Précis comme une horloge.