Candidatures

« Pour 2026, l’obstacle restera le référendum »

— Publié le 17 mars 2016

La Suisse repense aux Jeux d’hiver. Elle y pense très fort. Vendredi 11 mars, le Parlement du sport a voté à l’unanimité en faveur d’un projet olympique pour les JO d’hiver en 2026. La première étape d’un long processus qui pourrait amener le pays à officialiser, sans doute l’an prochain, son processus de candidature. Rien n’est encore fait. Il faudra aux porteurs du projet passer l’obstacle toujours périlleux du référendum, ces « votations » qui avaient notamment sonné le glas des ambitions de la station de St-Moritz, dans les Grisons, pour les Jeux de 2022. Mais le terrain semble propice. Et les conditions plus favorables. Jörg Schild (notre photo), le président du comité olympique suisse (Swiss Olympic), l’a expliqué à FrancsJeux.

FrancsJeux: Vous attendiez-vous à un soutien à l’unanimité du Parlement du sport suisse pour un projet de candidature aux Jeux d’hiver en 2026?

Jörg Schild: Pas entièrement, non. Le Parlement du sport regroupe l’ensemble des fédérations sportives, soit 85 organisations nationales. Nous avons procédé à deux votes. Le premier concernait les fédérations olympiques, été comme hiver. Il a été unanime. Je m’y attendais un peu, même s’il n’était pas évident que tous les sports d’été se déclarent en faveur d’un projet concernant les Jeux d’hiver. Le deuxième vote a intégré les fédérations non olympiques. Lui aussi a été unanime. Pour moi, ce second résultat a été une surprise.

Comment interprétez-vous une telle unanimité autour d’un projet de candidature olympique?

Les raisons sont multiples. L’Agenda 2020 du CIO a changé la donne. Les fédérations le savent. Il favorise les conditions d’une candidature aux Jeux. Par ailleurs, le tourisme connaît actuellement des difficultés en Suisse. Enfin, notre économie n’est plus tout à fait ce qu’elle a été. Dans un tel contexte, nos dirigeants sportifs se disent qu’il peut être intéressant et opportun d’essayer encore une fois d’obtenir les Jeux.

Le succès de Lausanne dans la course aux Jeux d’hiver de la Jeunesse en 2020 a-t-il joué un rôle dans ce retour d’une ambition olympique suisse?

Sans doute. Le succès de Lausanne 2020 a été suivi d’une autre victoire, celle de Lucerne pour l’organisation de l’Universiade d’hiver en 2021. Ces deux événements successifs peuvent nous permettre de prouver que la Suisse est capable d’organiser les Jeux. Mais l’obstacle le plus difficile à surmonter, dans notre pays, reste la votation populaire.

L’étape du référendum risque-t-elle d’être aussi délicate à passer que pour la candidature de St-Moritz aux Jeux d’hiver de 2022?

Il est trop tôt pour le dire. Mais le terrain me parait plus favorable. Le référendum sur St-Moritz 2022 est arrivé après le gigantisme des Jeux de Sotchi, à un moment où les institutions sportives, la FIFA en tête, étaient en pleine crise. La crédibilité du sport était sérieusement remise en question. En prime, les jalousies se sont exprimés à des niveaux très inattendus entre les différentes vallées des Grisons. Malgré tout, le non l’a emporté à seulement 53%. Pour 2022, il était sans doute plus difficile à St-Moritz de survivre au référendum que de convaincre le CIO de voter pour le dossier suisse. Aujourd’hui, l’Agenda 2020 rend les choses plus faciles. Les Jeux coûteront moins cher que les précédents. Le budget opérationnel des JO d’hiver en 2026 pourrait être bouclé sans l’argent de la Confédération et de l’Etat.

Quelles seront les prochaines étapes avant le dépôt d’une candidature?

Nous allons organiser au mois d’avril une séance d’information pour les différentes régions intéressées. Puis nous proposerons 4 ou 5 ateliers de travail, d’ici le mois de novembre 2016, pour expliquer et étudier les conditions d’une candidature. Nous y détaillerons notamment, avec l’aide et la collaboration du CIO, les résolutions de l’Agenda 2020. Nous n’avons encore jamais fonctionné ainsi dans le processus de candidature. Notre démarche est plus élaborée que par le passé.

Aujourd’hui, à combien estimez-vous les chances de voir la Suisse déposer officiellement une candidature aux Jeux de 2026?

Je ne peux pas le dire. Il faut attendre les votes prévus l’an prochain. Quand j’étais plus jeune, j’ai appris le français grâce à un livre qui s’intitulait « Pas à pas ». Dans cette aventure olympique, je préfère avancer pas à pas.

Pour 2026, le timing peut-il être favorable à une candidature suisse?

Peut-être. Mais nous aurons des rivaux européens. On parle déjà de la Suède. Et que feront la France et l’Italie si ces deux pays sont battus dans la course aux Jeux d’été en 2024? Reviendront-ils pour 2026? Le timing peut être favorable, mais il l’était sûrement encore plus pour les Jeux de 2022.