Candidatures

« Nous allons proposer des choses uniques »

— Publié le 18 novembre 2015

Sans avoir écouté  aux portes, il est facile de penser que l’équipe de candidature de Rome pour les Jeux de 2024 n’a pas hésité longtemps avant de se choisir un président. Elle a désigné le plus évident du lot, le dirigeant sportif italien le plus connu en dehors de ses frontières, la personnalité la plus charismatique à la fois dans le monde du sport et dans celui des affaires. Luca di Montezemolo, 68 ans, n’a pas seulement conduit les groupes Fiat et Ferrari assez longtemps pour y laisser ses empreintes dans le marbre. Le marquis a également dirigé le « Mondiale » de football en 1990. Il a répondu longuement aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: Pourquoi avoir accepté, à 68 ans, de vous lancer dans une telle aventure?

Luca di Montezemolo: Le Premier ministre, Matteo Renzi, et le président du comité olympique italien (CONI), Giovanni Malago, m’ont poussé. Alors, j’ai accepté. Mais je le fais de façon tout à fait volontaire, pour mon pays et pour Rome. Je crois que ces Jeux peuvent constituer une formidable opportunité pour la ville. Regardez Barcelone, elle n’est plus la même depuis les Jeux en 1992. Il peut se passer la même chose avec Rome.

Quelles relations entretenez-vous avec les Jeux olympiques?

J’étais encore un jeune garçon au moment des Jeux de Rome en 1960 (Luca di Montezemolo est né le 31 août 1947). Mais j’y ai vu combattre Cassius Clay. Je n’ai pas oublié. Les gens ne s’en souviennent sans doute pas, mais Rome 1960 a été la première édition des Jeux paralympiques. Comme tous les Italiens, j’ai la fibre sportive et la passion des Jeux.

Quels sont les atouts de Rome dans cette course pour les Jeux de 2024?

Ils sont nombreux, vous le savez. Notre vision des Jeux est très claire, elle tient dans ces mots: sport, qualité de la vie, beauté et technologie. Imaginez que 70% des sites de compétition de notre projet existent déjà: certains datent des Jeux de 1960, la piscine a accueilli les Mondiaux de natation en 2009, le complexe de tennis du Foro Italico reçoit tous les ans les Masters Series. Si les Jeux avaient lieu demain, nous pourrions faire l’athlétisme, la natation, le tennis, la cérémonie d’ouverture… Nous savons déjà ce que nous ferons du village des athlètes, il constituera un héritage fort pour Rome. Et, chose rare en Italie, la candidature bénéficie d’un soutien politique unanime.

Les autres candidatures tiennent à peu près le même discours, évoquant l’héritage, un nombre réduit de nouveaux sites, un soutien massif… Comment Rome compte-t-elle faire la différence?

Nous serons créatifs, en utilisant de façon innovante les lieux les plus connus de la ville. Par exemple, nous imaginons de proposer un Marathon de la Paix, dont le parcours passerait par le Vatican, la synagogue et la mosquée de Rome. Nous allons réaliser des choses uniques. Nous avons la culture. Un visiteur qui viendrait à Rome pour les Jeux pourrait s’échapper une journée et visiter Florence, aller à Venise ou découvrir Naples. Formidable, non? Et nous allons impliquer les jeunes générations, leur passion et leur engagement.

Votre directrice générale est une femme, Diana Bianchedi. Vous allez aussi confier à d’anciennes athlètes comme Sara Simeoni, Fiona Mei ou Federica Pellegrini un rôle d’ambassadrices. Peut-on en conclure que vous allez jouer la carte des femmes?

Les femmes, pourquoi pas? Chacun doit jouer avec ses cartes.

L’Italie a obtenu un ensemble de rencontres de l’Euro de football en 2020. Le pays est aussi candidat, en plus des Jeux de 2024, à la Coupe du Monde de rugby en 2023. N’est-ce pas trop?

Non, je ne crois pas. Nous possédons déjà tellement de sites que nous pouvons nous permettre de voir grand.

Il a beaucoup été question du budget de la candidature au cours des derniers mois. On a évoqué le montant de 10 millions d’euros…

10 millions d’euros? Mais où avez-vous eu ce chiffre? Je ne l’ai jamais mentionné. Nous connaîtrons notre budget en janvier, pas avant. Mais 10 millions, non. Il serait impossible de monter candidature avec une somme aussi modeste.