— Publié le 19 octobre 2015

L’affaire qui fait trembler l’Allemagne

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Coup dur pour l’Allemagne. Alors que le pays postule tout à la fois aux Jeux de 2024 et à l’Euro de football la même année, une affaire de corruption pourrait bien plomber ses ambitions sportives. Dans son édition du vendredi 16 octobre, le magazine Der Spiegel révèle que le comité de candidature allemand pour le Mondial de football en  2006 s’était constitué une caisse noire utilisée pour acheter des voix. L’ancien patron d’Adidas, Robert Louis-Dreyfus, décédé en juillet 2009, serait au centre des allégations.

Décidée par la FIFA en 2000, l’organisation du Mondial 2006 avait été attribuée à l’Allemagne à l’issue d’un vote serré et controversé. Le dossier germanique l’avait emporté par 12 voix contre 11 à l’Afrique du Sud. Mais, au dernier tour de scrutin, le Néo-Zélandais Charles Dempsey s’était abstenu. Une attitude qui en avait troublé plus d’un.

Les voix avaient-elles été achetées? Le Spiegel le suggère. L’hebdomadaire affirme que l’Allemagne a acheté quatre voix asiatiques au sein de la FIFA pour remporter l’organisation de la compétition. Une caisse noire aurait pour cela été constituée, alimentée par un prêt de 10,3 millions de francs suisses (6,7 millions d’euros selon les cours de l’époque) de l’homme d’affaires suisse d’origine française, Robert Louis-Dreyfus, alors patron d’Adidas.

 

Les intéressés, bien sûr, nient en bloc. Des accusations « totalement sans fondement », s’est insurgée la Fédération allemande de football (DFB) par la voix de son président, Wolfgang Niersbach, à l’époque secrétaire général. La DFB reconnaît l’existence d’un versement de 6,7 millions d’euros à la FIFA, mais sans lien selon elle avec le Mondial. Elle aurait découvert ce versement à l’occasion d’une enquête interne lancée ces derniers mois, dans le contexte du scandale de la FIFA.

Même réaction outrée de Franz Beckenbauer. Le « Kaizer » assure « n’avoir versé de l’argent à personne pour obtenir des voix dans l’attribution de la Coupe du Monde 2006 à l’Allemagne ». Il dirigeait alors le comité de candidature, avant de prendre en mains l’organisation de l’événement.

Il n’empêche, l’affaire fait grand bruit en Allemagne. Thomas Bach, le président du CIO, a été l’un des premiers à réagir. Il a expliqué « attendre que la clarté soit faite rapidement sur les allégations de corruption ». « Thomas Bach part du principe que c’est dans l’intérêt du football que ces allégations fassent l’objet d’une investigation rapide et complète », a déclaré Christian Klaue, le porte-parole du CIO en Allemagne. Pour rappel, le président du CIO était alors membre du Comité de surveillance du comité d’organisation du Mondial 2006.

 

Ce lundi 19 octobre, le parquet de Francfort a fait savoir qu’il allait se pencher sur la procédure d’attribution du Mondial 2006 à l’Allemagne. Un examen préliminaire doit être réalisé, afin d’établir s’il existe un soupçon de corruption, a indiqué lundi la procureure générale, Nadja Niesen. « Il pourrait s’agir de corruption, de fraude ou de malversation, a-t-elle déclaré à l’agence SID. Nous n’avons pas encore lancé d’enquête, nous le ferons si le soupçon se confirme. »

Les magistrats allemands examineront dans un premier temps « les documents à leur disposition ». Ils pourraient ensuite, en cas de découverte allant dans le sens des allégations du Spiegel, creuser plus en profondeur.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a exprimé depuis Téhéran où il était en visite, son souhait que l’enquête interne de la DFB soit bouclée « aussi rapidement que possible ».

Après les soupçons de corruption sur l’attribution des Mondiaux en 2018 à la Russie et en 2022 au Qatar, voilà l’Allemagne et son Mondial dans l’oeil du cyclone. Qui sera le prochain?