Candidatures

Boston 2024 joue son avenir en deux jours

— Publié le 30 juin 2015

Début de semaine critique pour la candidature de Boston aux Jeux d’été en 2024. Très critique. Osons dire décisive. En moins de 48 heures, le projet olympique américain joue une partie de son avenir. Il pourrait même, selon certaines sources, jouer rien moins que son existence. Lundi 29 juin, l’équipe de Boston a présenté, enfin, les détails de son dispositif de candidature. Ce mardi 30 juin, en Californie, une réunion du conseil d’administration de l’USOC, le comité olympique américain, doit se pencher sur le cas Boston 2024. Et discuter, dit-on, de la pertinence de poursuivre l’aventure.

Le projet, d’abord. Steve Pagliuca, le nouveau boss de Boston 2024, l’a présenté lundi matin (notre photo). Une version baptisée « 2.0 », destinée à mettre des noms, des lieux et surtout des chiffres sur les zones d’ombre du dispositif. Avec un objectif clairement affiché: rassurer l’opinion publique, jusque-là majoritairement hostile, sur le coût des Jeux de 2024. Et s’assurer, surtout, un résultat positif au référendum prévu à l’automne prochain sur la candidature de la capitale du Massachusetts.

Dans cette version revisitée, le projet de Boston devrait coûter 4,595 milliards de dollars, pour une estimation de 4,805 milliards de recettes. Le calcul est simple: hors construction du village des athlètes, financée selon Steve Pagliuca par des partenaires exclusivement privés, l’opération olympique dégagerait un excédent de 210 millions de dollars. Le boss de la candidature l’a précisé: « Pour minimiser les risques pour les contribuables, ces 210 millions de dollars seront utilisés si les recettes sont inférieures aux prévisions ou les coûts plus élevés. Cela inclut aussi une prime d’assurance de 128 millions de dollars qui nous couvre contre une baisse des recettes, le non-paiement par des sponsors et des annulations. » Un peu alambiqué, certes, mais pas idiot.

Steve Pagliuca a joué la carte de la transparence. Il a dévoilé tous ses chiffres, certain de son effet. Ainsi a-t-on appris que le stade olympique, un équipement provisoire, coûterait 176 millions de dollars, le village des athlètes 90 millions, les autres sites de compétition 754 millions et qu’il faudrait prévoir 132 millions de dollars pour louer certaines installations, pour l’essentiel situées sur les campus des célèbres universités de l’état.

Sur le papier, rien d’extravagant. Steve Pagliuca l’a répété à la façon d’un bateleur: les Jeux constituent une « opportunité de développement économique historique qu’on pourrait ne plus voir ». Il a assuré que « ces opportunités iraient bien au-delà de la période de trois semaines durant laquelle Boston sera au centre de l’attention ». Il a martelé qu’il n’existe « aucun autre projet avec ce niveau d’investissement, de créations d’emplois et de recettes générées sur une période comparable. »

Encore une fois, le nouveau patron de Boston 2024, appelé à la rescousse le mois dernier pour suppléer John Fish, a distribué ses chiffres comme on le ferait avec des cartes de visite: 4 100 emplois créés dans la construction à partir de 2018, 54.300 emplois pendant la période des Jeux, 2.200 jobs durables, 7.000 nouveaux logements, 2.700 chambres d’étudiant sur le campus de l’Université du Massachusetts.

Le projet « 2.0 » suffira-t-il à renverser l’opinion? Difficile à dire. Les groupes d’opposition, très actifs depuis le début de l’aventure olympique, l’ont jugé insuffisant. On s’en doutait. Ils insistent surtout sur la faiblesse des garanties offertes par l’équipe de candidature en cas de dépassement de budget. Un risque qui ne pourrait être couvert, selon eux, par la seule assurance et serait, au final, assumé par les contribuables.

Plus douteuse, l’ambition des porteurs du projet de s’assurer un « électorat » favorable en essaimant les sites de compétition sur l’ensemble de l’état du Massachusetts. Dans sa version « 2.0 », le dispositif modifie l’implantation d’une bonne moitié des 32 sites, désormais répartis dans un rayon beaucoup plus large autour de Boston. Une démarche supposée rallier à l’équipe de candidature un soutien politique plus large. Mais la compacité du projet américain en prend un sérieux coup.

L’équipe de Boston 2024 fait le voyage vers San Francisco, ce mardi 30 juin, en portant sous le bras son plan « 2.0 ». Les dirigeants de l’USOC en étudieront les détails. Ils devront surtout se demander si ce nouveau projet peut s’avérer assez solide et convaincant pour inverser la courbe des sondages d’opinion. Puis, dans un deuxième temps, séduire les membres du CIO. En cas de réponse négative, l’aventure de Boston 2024 pourrait très rapidement prendre fin.