— Publié le 12 février 2015

« Nous faisons un pas déterminant vers une candidature »

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Paris n’est pas encore ville requérante aux Jeux d’été en 2024. Mais elle a fait un pas de plus vers une candidature, ce jeudi 12 février 2015, avec la remise à Anne Hidalgo du rapport de l’étude d’opportunité du projet olympique. Une document de 250 pages, donné par Bernard Lapasset, le patron du Comité français du sport international (CFSI), à la maire de Paris un peu après midi. Un moment assez solennel et très médiatique, organisé dans un salon de l’Hôtel de Ville, d’où on retiendra cette phrase prononcée à la tribune par Anne Hidalgo : « Aujourd’hui, nous faisons un pas de plus, déterminant, dans l’engagement de Paris et de la France pour une candidature olympique ».
Bernard Lapasset l’a expliqué: la remise de ce rapport constitue tout à la fois le point final de la phase 1 du projet olympique, consacrée à une étude d’opportunité lancée en mai dernier, et le début de la phase 2, censée lancer Paris dans la bataille pour les Jeux. Un moment charnière, donc. « Un document qui va nous permettre de travailler de façon très précise », a confirmé Anne Hidalgo.

Sa conclusion ne faisait aucun doute avant même la rédaction du rapport: Paris doit tenter l’aventure d’une candidature aux Jeux de 2024. Au moins pour le mouvement sportif français. Bernard Lapasset l’a assuré à la tribune, en répondant par un oui sans nuance aux trois questions de l’étude: l’intérêt pour la France, la capacité financière et technique d’organiser les Jeux, la possibilité d’une victoire.

Le dossier. A ce stade du processus, il manque cruellement de précision. Et ressemble comme un frère au projet parisien pour les Jeux de 2012. Bernard Lapasset et Denis Masseglia, le président du CNOSF, ont bien retenu les leçons de l’Agenda 2020 voté part le CIO en décembre dernier. Une candidature de Paris s’appuierait en grande partie sur des sites existants: le stade de France pour l’athlétisme et les cérémonies, Roland-Garros pour le tennis, la Bercy Arena (anciennement POPB) pour des sports en salle « à confirmer », le Parc de Princes pour le football, l’hippodrome de Longchamp pour l’équitation, la base nautique de Vaires-sur-Marne (à aménager) pour l’aviron et le canoë-kayak, le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines pour le cyclisme sur piste, la Halle Carpentier (à rénover) pour d’autres sports de salle « à confirmer »… Le cyclisme sur route serait disputé à Versailles, l’escrime au Grand Palais, le marathon, la marche et le triathlon passeraient par la Tour Eiffel,  le tir à l’arc s’installerait sur l’Esplanade des Invalides et le beach volley sur le Champ de Mars.

A la question de la construction d’un parc aquatique pour la natation, du village des athlètes et du centre des médias, le rapport n’apporte aucune réponse. « Nous travaillons encore, explique Bernard Lapasset. Et nous n’oublions pas que nous sommes engagés dans une compétition, où la confidentialité est importante. Nous restons encore flous sur certains sujets car nous réservons la primeur des informations au CIO ». Seule certitude, écrite noir sur blanc dans la synthèse de l’étude d’opportunité: 80 % des athlètes auraient moins de 30 minutes de trajet à accomplir pour se rendre sur leurs sites de compétition depuis le village olympique.

Le coût. Bonne nouvelle: les chiffres ne manquent pas. Et ils sont précis. Le budget du comité d’organisation (COJO) s’élèverait à 3,2 milliards d’euros. Il serait financé à 97 % par des ressources privées, à 3 % par des fonds publics. A lui seul, le CIO contribuerait pour 1,8 milliards d’euros à son financement. Les autres dépenses, non directement liées à l’organisation des Jeux, se monteraient à 3 milliards d’euros. Un tiers de cette somme couvrirait la construction de sites olympiques (piscine, rénovation du Stade de France…), les 2 milliards restants servant aux autres infrastructures, dont le village des athlètes, prévu pour héberger 17.000 personnes. Pour ces dépenses dites « hors COJO », le financement serait partagé en deux moitiés entre privé et public. Quant à la campagne de candidature, elle coûterait 60 millions d’euros sur 2 ans. « Avec une volonté d’en payer les deux tiers grâce à des ressources privées », suggère Bernard Lapasset.

La gouvernance. La aussi, le voile se lève. Bernard Lapasset l’a confirmé: il ne briguera pas un nouveau mandat à la tête de la Fédération internationale de rugby (World Rugby, ex IRB), après la Coupe du Monde 2015. « Je pourrais ainsi me consacrer à fond à la candidature », dit-il. La rumeur de son départ en cours de parcours n’est plus d’actualité. Bernard Lapasset mènera le projet jusqu’à son terme, fixé à la fin du mois de juillet 2017. A ses côtés, Tony Estanguet jouera le rôle d’adjoint. Un binôme à forte dominante sportive, preuve que l’équipe actuelle a retenu les leçons des échecs passés.

Le calendrier. Les choses ne devraient plus traîner. « Je dois réunir dès aujourd’hui les présidents des groupes et les maires d’arrondissement, puis je rencontrerai demain (vendredi 13 février) les maires des villes du Grand Paris », a précisé Anne Hidalgo. La décision d’une candidature, initialement prévue pour mai ou juin 2015, pourrait être avancée. Le maire de Paris a annoncé que le projet olympique serait soumis fin mars au vote des 20 maires d’arrondissement, puis au mois d’avril à celui du Conseil de Paris. A l’écouter s’exprimer, passant souvent du conditionnel au futur, il parait difficile aujourd’hui d’imaginer un résultat défavorable.