— Publié le 23 janvier 2015

Eux aussi veulent se prendre aux Jeux

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A vouloir ouvrir en grand la porte des Jeux, le CIO court aujourd’hui le risque de faire de nombreux déçus. L’adoption à l’unanimité des résolutions de l’Agenda 2020, en décembre dernier à Monaco, a éveillé l’intérêt de plusieurs sports candidats au programme olympique. Ils se bousculent. Avec deux nouveaux venus: le billard et le snooker.

Unies comme les doigts d’une main, les deux disciplines ont lancé très officiellement, jeudi 22 janvier, leur campagne de candidature à une entrée aux Jeux d’été. Avec un objectif pour le moins ambitieux: Tokyo 2020. Jason Ferguson, le président de la Confédération mondiale des sports de billard (WCBS), l’a expliqué: « A l’origine, nous visions plutôt les Jeux de 2024, mais nous avons finalement décidé d’avancer nos plans d’une olympiade. » Une décision derrière laquelle il est facile de deviner les effets de l’Agenda 2020, censé assouplir le programme des Jeux et permettre à des sports nouveaux de goûter à l’ambiance des JO.

Pour l’occasion, les deux institutions du billard et du snooker font cause commune: la WCBS, en charge du billard et de ses disciplines, et la WPBSA, l’Association mondiale des joueurs professionnels. Les deux organisation veulent déposer un même dossier devant le CIO, convaincues de leur chance de réussite.

Sérieux? Oui et non. Leurs dirigeants le clament haut et fort: la popularité des deux disciplines ne cesse de grimper à l’échelle mondiale. Elles revendiquent aujourd’hui une audience estimée à 500 millions de personnes pour les grandes compétitions du calendrier international, largement diffusées à la télévision. Le billard serait pratiqué de façon compétitive dans plus de 90 nations. A elle seule, la WCBS recense environ 200 pays membres. La discipline a fait son entrée dans le programme des Jeux Mondiaux en 2001 à Akita, au Japon. Depuis, elle n’a plus quitté l’événement.

Mais, pour le billard comme pour le snooker, se pose le problème de la légitimité sportive d’une discipline plus souvent disputée dans des salles de bar enfumées que dans le décor d’un gymnase. Est-ce vraiment un sport? Jason Ferguson répond sans nuance: « Il existe peu de disciplines dans lesquelles les meilleurs font preuve d’un tel niveau de concentration et repoussent aussi loin les limites de l’effort mental ». A voir. Surtout, le billard ne pèse pas très lourd sur la balance de la mixité. Ses compétitrices se font rares, voire inexistantes, une lacune difficile à surmonter à l’heure où le mouvement olympique pousse à fond le curseur de la parité.

Soyons clair: il faudrait un miracle pour voir les joueurs de billard ou de snooker défiler à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo en 2020. Baseball et softball demeurent de solides favoris à l’entrée dans le programme olympique, dans six ans au Japon. A condition, toutefois, que le CIO et les organisateurs des JO de 2020 se mettent d’accord pour accepter un nouveau sport.

En attendant, l’exemple du billard démontre une nouvelle fois que les résolutions de l’Agenda 2020, aussi légitimes et nécessaires soient-elles, ne seront pas toujours aisées à mettre en application. Avec le billard, le karaté, l’escalade, le wushu, le surf, le squash, le roller en ligne ou le baseball/softball, ils seront bientôt une dizaine les sports candidats aux Jeux.Mais personne, on s’en doute, pour leur laisser la place.