Candidatures

François Hollande pense encore aux Jeux

— Publié le 14 janvier 2015

Un nouveau numéro de Charlie Hebdo est sorti ce mercredi 14 janvier 2015. Un numéro historique, le premier publié par l’hebdomadaire satirique depuis l’attentat qui a coûté la vie à 12 personnes, dont son directeur et certains de ses dessinateurs historiques. Un numéro dit « des survivants », tiré à 3 millions d’exemplaires (contre 60.000 habituellement), traduit en 16 langues et vendu dans 25 pays. Il fait suite à la marche républicaine du dimanche 11 janvier, où près de 4 millions de personnes sont descendues dans la rue pour dire non au terrorisme et à la barbarie. « Nous sommes tous Charlie », a titré la presse du monde entier au lendemain de cette journée historique. « Nous sommes tous français », a suggéré Sepp Blatter, le président de la FIFA, le soir de la remise des trophées du Ballon d’Or 2014.

Quel impact ces attentats, leur dénouement et la journée du 11 janvier auront-ils sur la possible candidature de Paris aux Jeux d’été de 2024? A un mois de la présentation par Bernard Lapasset, le président du Comité français du sport international (CFSI), des conclusions de l’étude d’opportunité sur le projet olympique de la capitale, la question mérite d’être posée.

Le premier élément de réponse est à chercher au Palais de l’Elysée. Son locataire, François Hollande, n’a jamais caché se placer en première ligne des soutiens à l’ambition olympique du mouvement sportif français. Depuis les attentats, le chef de l’Etat n’a pas nuancé sa position. Pour preuve sa rencontre, dès lundi 12 janvier, avec Denis Masseglia. Le président du CNOSF a été reçu à l’Elysée. « Nous avons d’abord parlé des événements de la semaine dernière et du rôle que pouvait jouer le sport en matière de lien social, explique-t-il, cité par l’Equipe. Nous avons ensuite évoqué la candidature aux Jeux de 2024 et les perspectives immédiates et à plus ou moins long terme. »

Moins de 24 heures après avoir défilé dans Paris au milieu d’un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement, François Hollande a reçu Denis Masseglia pour évoquer les Jeux de 2024. L’information peut surprendre. Mais elle traduit l’engagement du président dans un dossier auquel il semble croire très fort. Un François Hollande dont la gestion des événements a été saluée par la plupart des dirigeants politiques. Plus chef d’Etat que jamais, François Hollande a vu une France unie et solidaire descendre dans la rue. Il pourrait bien se dire que la perspective d’une candidature olympique pourrait, elle aussi, fédérer une population française finalement moins déchirée qu’on a bien voulu le dire.

Autre sujet de réflexion: la sécurité. La menace terroriste peut-elle affaiblir les chances du dossier parisien dans la course aux Jeux? FrancsJeux a posé la question au journaliste américain Ed Hula, fondateur et directeur du site aroundtherings.com, l’un des experts les plus influents du mouvement olympique. « Sous réserve que ces attaques ne deviennent pas un problème chronique pour la sécurité de la France, je ne pense pas qu’elles constituent un problème pour Paris, suggère-t-il. La réaction des forces de sécurité a été aussi professionnelle et efficace qu’elle pouvait l’être en pareilles circonstances. Les attaques terroristes constituent une menace pour la plupart des villes qui postulent à l’organisation des Jeux. Munich en 1972, puis Atlanta en 1996, en sont deux exemples. »

Pour Ed Hula, un parallèle s’impose déjà entre Boston, candidate choisie par le Comité olympique américain (USOC), et Paris, même si la capitale française n’est pas encore officiellement entrée dans la course. « Boston était connue pour son marathon, elle l’est aussi depuis qu’une bombe a explosé, il y a deux ans, non loin de la ligne d’arrivée de la course, explique-t-il. Mais cet épisode n’a pas empêché l’USOC de la choisir pour être la ville américaine candidate aux Jeux de 2024. A Boston, les souvenirs de l’explosion ont été largement surpassés par ceux des nombreux actes de bravoure, de solidarité et de résistance des habitants de la ville. » Les « Bostoniens » y ont gagné une réputation de force et de courage. Il reste maintenant aux Français à conserver, demain, leur esprit d’unité et de solidarité.