— Publié le 8 décembre 2014

Le CIO s’essaye à la souplesse mais évite la casse

Institutions Focus

Thomas Bach est un homme heureux. A Monaco, où s’est ouvert lundi 8 décembre au matin la 127ème session du CIO, le président de l’institution olympique a eu besoin d’une seule journée pour faire adopter par la centaine de membres présents l’Agenda 2020. Pas moins de 40 recommandations étaient pourtant au programme des débats et des votes. Mais les débats ont été courts, rarement très animés et jamais polémiques, même si l’histoire retiendra que la journée a été marquée par 83 interventions de l’assistance. Quant aux votes, ils se sont résumés à un plébiscite pour le président du CIO et son vaste plan de réformes. Les 40 recommandations de l’Agenda 2020 ont toutes été validées à l’unanimité. Pas une seule voix contre, pas la moindre abstention.

Assouplissement du programme des Jeux, création d’une chaîne de télévision olympique (diffusée 365 jours par an, mais seulement sur internet à ses débuts), simplification du processus de candidature… Les principales nouveautés annoncées ont toutes été votées par l’Assemblée générale. Il a également été décidé d’inclure la « non-discrimination selon l’orientation sexuelle dans le sixième principe fondamental de l’Olympisme. » Enfin, il a été choisi de conserver à 70 ans l’âge limite pour les membres du CIO entrés après 1999, avec une possibilité d’exception selon « les compétences » des septuagénaires (mais pour un seul nouveau mandat).

Difficile de faire plus consensuel. Mais, derrière les votes, la réalité se révèle sans doute un peu moins tranchée. Certes, le CIO évolue. Il se montre « à l’écoute », résume Tony Estanguet, l’un de ses deux membres français. Mais la souplesse évoquée tout au long de la journée par Thomas Bach est à analyser avec une pointe de conditionnel.

Premier exemple: la décision prise par l’Assemble générale, lundi à Monaco, de rendre désormais possible une candidature commune de deux pays. En Principauté, la salle de presse du Grimaldi Forum a très rapidement bruissé de nombreux scénario, imaginant déjà un dossier Paris/Berlin, par exemple. Mais Thomas Bach l’a précisé dès la fin de la session du jour: « Un tel cas de figure ne pourra être qu’exceptionnel, il devra être justifié par des raisons très solides, motivées par des arguments économiques, ou d’héritage, ou encore des raisons géographiques dans la cas des Jeux d’hiver. » En clair, deux pays voisins pourront imaginer de faire cause commune s’ils partagent la même montagne, mais la perspective de voir deux grandes métropoles européennes se lancer ensemble dans l’aventure des Jeux d’été tient encore du fantasme. « Il n’est pas question de sortir une candidature de nulle part », avance Thomas Bach.

Deuxième cas: le programme olympique. Le CIO se veut là aussi d’une grande souplesse. Il se montre désormais très souple, pour « encourager la diversité », a expliqué son président. Il sera ainsi possible de voir 29 ou 30 sports être inclus au programme des Jeux de 2020 à Tokyo, contre 26 à Londres en 2012, mais sans dépasser le plafond de 10.500 athlètes et 306 épreuves.

Comment? Thomas Bach l’a expliqué: « Il reviendra aux organisateurs de proposer une solution, en termes de budget, de logistique et d’organisation, pour y parvenir. » Le CIO aura alors la main pour donner, ou non, son feu vert. Aux organisateurs des Jeux de Tokyo, donc, de trouver la recette miracle pour faire entrer le baseball/softball sans augmenter le nombre d’athlètes ni faire sortir un sport ou une discipline déjà inscrits au programme. Pas simple. Mais Thomas Bach le rappelle: « Nous ne devons pas dépasser certaines limites de taille, en premier lieu celle qui permet de conserver l’esprit olympique au sein du village des athlètes. » Souplesse, donc, mais pas à n’importe quel prix.