— Publié le 17 octobre 2014

A la FIFA, on croit à l’été indien

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L’avenir du football serait en train de se jouer… en Inde. Vraiment? Ben oui. La prémonition n’est pas le fruit des méditations d’un gourou en robe safran, mais des plus hautes instances de la FIFA. Sepp Blatter en personne, et son bras droit, Jérôme Valcke. Le président de la Fédération internationale et son secrétaire général, rien de moins. Le premier a évoqué l’Inde comme un « géant endormi ». Le second rentre d’un voyage dans l’ancienne colonie britannique et se dit prêt à jurer qu’il se réveillera bientôt.

Mercredi 15 octobre, Jérôme Valcke et le président de la Fédération indienne de football (AIFF), Praful Patel, ont présenté ensemble un « plan stratégique pour le football en Inde ». Un projet qui, selon un communiqué de la FIFA, trace les grandes lignes de l’action de l’AIFF pour le développement du ballon rond dans le deuxième pays le plus peuplé de la planète (et, accessoirement, la dixième économie du monde).

Rien de très révolutionnaire, mais le secrétaire général de la FIFA en a tiré la certitude que l’avenir serait bientôt enveloppé de volutes d’encens.  « L’Inde est la cible prioritaire de la FIFA en Asie en termes de développement, a-t-il expliqué. Nous investissons beaucoup dans ce pays, car nous pensons qu’il y a un énorme potentiel. Cette nation de 1,2 milliard d’habitants possède une économie en pleine croissance. Il y a certainement la place ici pour d’autres sports que le cricket. »

Un discours que le président du football indien a prolongé avec la même assurance et un air tout aussi béat: « Nous sommes prêts à changer. Avec l’aide de la FIFA, nous allons mettre en place une nouvelle structure de développement. L’organisation de la Coupe du Monde U-17 marquera un tournant important dans notre histoire. Cet événement va grandement contribuer à notre développement ». L’Inde en a obtenu l’organisation pour l’édition 2017. Le premier tournoi international estampillé FIFA de l’histoire du sport indien.

La veille, la petite troupe de la FIFA avait rencontré le ministre indien des Sports. L’occasion pour Jérôme Valcke et Praful Patel de plaider la cause du football et demander aux autorités de le soutenir avec un peu plus d’entrain. « Nous avons besoin d’aide pour mettre en place de nouvelles infrastructures, précise Jérôme Valcke. Il nous faut des terrains, afin de permettre à davantage d’Indiens de jouer au football aux quatre coins du pays. C’est important pour le développement du beau jeu dans cet immense pays. J’ai le sentiment que le ministre a entendu notre message et j’ai toutes les raisons de croire que le gouvernement indien va nous apporter son soutien non seulement pour l’organisation de la Coupe du Monde U-17, mais aussi dans les années à venir. Cette mesure peut paraître évidente, mais elle est essentielle pour encourager les jeunes Indiens à pratiquer le football. »

La tâche ne s’annonce pas simple. Certes, le potentiel de développement du football en Inde semble immense. Par sa population, d’abord. Et par ses moyens économiques. La création récente de l’Indian Super League (ISL) en a apporté une preuve spectaculaire. Un joyeux bataillon d’anciennes gloires du ballon, en retraite pour la plupart, a afflué comme des abeilles vers la ruche. L’Italien Alessandro Del Piero toucherait 1 million d’euros pour deux mois de compétition.

Mais le pays part de loin. Son équipe nationale pointe actuellement au 158ème rang mondial. Et, même si les statistiques s’avèrent souvent hasardeuses en Inde, le nombre de pratiquants du football dépasserait à peine un million.

Seul certitude: l’argent ne manquera pas. Les organisateurs de l’ISL, le groupe indien de pétrochimie et des télécoms Reliance, et l’agence américaine de marketing sportif IMG, auraient constitué une cagnotte de 50 à 100 millions d’euros pour financer la création d’écoles et de clubs de football.La FIFA apportera elle aussi sa part. Reste à faire prendre le soufflé.