Candidatures

Deux projets valent mieux qu’un

— Publié le 14 octobre 2014

Beaucoup de bruit pour rien? A coup sûr. En s’exprimant sur les projets du Grand Paris devant un parterre d’élus de la région Ile-de-France, lundi 13 octobre à Créteil, en banlieue parisienne, le Premier ministre français Manuel Valls a agité les réseaux sociaux comme seul saurait le faire un barman de Saint-Tropez avec son shaker à cocktail. Une poignée de phrases, rien de plus. Mais il n’en a pas fallu plus pour faire dire à certains que le projet d’une candidature olympique de Paris aux Jeux de 2024 était mort, enterré et déjà en route vers l’au-delà.

Rappel des faits. En visite sur le site de Créteil-L’Echat, où sera construite une des gares de la ligne 15 du métro du « Nouveau Grand Paris », Manuel Valls a suggéré: « Les projets doivent maintenant sortir de terre. L’Etat a décidé de mobiliser des financements sans précédent. J’ai entendu, cher Jean-Paul Huchon (le président PS de la Région Ile-de-France), vos remarques, vos attentes, vos exigences même. Je vous confirme que l’Etat apportera 1,4 milliard d’euros à la mise en œuvre du plan de mobilisation sur la période 2015-2020 ».

Jusque-là, rien de très croustillant. Mais l’affaire a pris une autre tournure lorsque le Premier ministre français a expliqué: « Je vois dans la candidature à l’Exposition universelle 2025 une magnifique opportunité pour l’image dans le monde du Grand Paris et de la France. L’Etat sera au rendez-vous de cette grande ambition. »

On l’aura compris, Manuel Valls a profité de sa visite à Créteil pour apposer le sceau gouvernemental sur un projet de candidature parisienne à l’Expo universelle de 2025 jusque-là plus officieux qu’officiel. Il a assuré que l’Etat le soutiendrait. Il a dit, en substance, aux porteurs du dossier: « Allez-y, on est à vos côtés. »

Que faut-il en conclure? Honnêtement, rien. Certains observateurs ont noté que Manuels Valls avait évoqué les « projets à sortir de terre » sans citer celui d’une candidature de Paris aux Jeux de 2024. Et conclu, à la va-vite, que ce silence était synonyme de renoncement. Mais pourquoi le Premier ministre aurait-il parlé de Paris 2024 à Créteil, alors que l’étude d’opportunité de la candidature n’est pas encore terminée et que ses conclusions ne sont pas attendues avant la fin de l’année?

En septembre dernier, un article des Echos assurait que les Jeux olympiques de 2024 et l’Exposition universelle de 2025 étaient deux événements « adverses pour des raisons de disette budgétaire ». Ah bon. Mais le quotidien économique français, évoquant un budget de « 3 à 4 milliards d’euros » pour l’Expo,  ne citait aucun chiffre quant au coût des Jeux. Et pour cause, puisque le dossier parisien n’en est encore à une étude d’opportunité. Impossible, donc, d’en estimer la facture, même à la louche.

Surtout, il semble que beaucoup d’observateurs confondent candidature et organisation. En se positionnant sur les deux événements à la fois, Paris multiplierait ses chances d’en avoir au moins un. Et de se créer une « magnifique opportunité pour l’image dans le monde du Grand Paris et de la France », pour reprendre l’expression de Manuel Valls. Dans un passé récent, le Brésil a démontré que courir deux lièvres à la fois n’était pas forcément un mauvais choix stratégique…

Pour rappel, les candidatures pour l’organisation de l’Expo universelle doivent être déposées en 2016, pour une décision en 2018. Pour les Jeux de 2024, un dossier doit être déposé au CIO en septembre 2015, pour une décision en juillet 2017. Une chronologie plutôt favorable à un double projet.

A Créteil, lundi 13 octobre, Manuel Valls a seulement affirmé qu’il était temps que « les projets » sortent de terre. Il a parlé au pluriel. Dans son esprit, il doit donc y en avoir au moins deux. CQFD.