— Publié le 4 août 2014

« Je continuerai à peser pour des Jeux en Afrique »

Institutions Focus

L’Afrique présentera-t-elle une candidature aux Jeux d’été de 2024? FrancsJeux a posé la question, et quelques autres, à l’un des dirigeants sportifs africains les plus puissants, et les plus influents, l’Ivoirien Lassana Palenfo. Membre du CIO et président de l’Association des comités nationaux olympiques africains (ACNOA), il promène un regard d’expert sur l’actualité, et l’avenir, du sport en Afrique.

FrancsJeux: Comment se présente la préparation des Jeux Africains 2015 à Brazzaville?

Lassana Palenfo: Une importante délégation de l’ACNOA, que j’ai eu l’honneur de diriger, s’est déplacée récemment à Brazzaville à l’invitation du ministre des Sports congolais et du Comité d’organisation des Jeux Africains de 2015. Notre objectif premier visait à nous enquérir, avec la plus grande objectivité, de l’état d’avancement des préparatifs. Je dois avouer que le Comité d’organisation avec le concours des plus hautes autorités congolaises est animé d’une profonde volonté pour accueillir les délégations participantes dans les meilleures conditions. Des moyens importants sur divers plans sont mobilisés pour la réussite de ces Jeux. Notre visite sur le terrain fait ressortir une bonne progression d’une manière générale, cependant quelques efforts supplémentaires doivent être déployés pour être au rendez-vous le jour J. Nous recommandons une forte communion d’efforts des partenaires et opérateurs pour une meilleure prise en charge des différents compartiments opérationnels. Nous n’avons plus de temps à perdre. Nous pensons que le Congo peut relever le défi et faire de ces joutes continentales un outil de développement  et de rayonnement du sport africain. Nous nous réjouissons de toute l’attention et l’écoute que nous avons trouvés auprès des différents acteurs impliqués dans la préparation de ces jeux. Nous avons convenu avec le COJA sur une charte de collaboration pour insuffler une vraie dynamique aux préparatifs de cet événement pour lequel nous sommes particulièrement attachés.

Que pensez-vous de l’Agenda 2020 initié par Thomas Bach et des résolutions prônées par la commission exécutive du CIO?

L’Agenda 2020 fait suite aux promesses de campagne de Thomas Bach à la présidence du CIO. La réflexion qui s’en est suivie après son élection  témoigne de son engagement avéré pour inscrire de nouvelles perspectives de développement pour le mouvement olympique. L’adhésion et la   participation active des différents acteurs sportifs autour des cinq thèmes qui ont été arrêtés par la commission exécutive et les débats qui sont prévus à Monaco au mois de décembre prochain, serviront certainement de feuille de route olympique projetée sur le long terme. L’Afrique n’est pas restée en marge de ce débat fertile et fort enrichissant. D’ailleurs, en marge des derniers Jeux Africains de la Jeunesse de Gaborone, les membres du CIO en Afrique se sont réunis en conclave pour échanger et affiner leurs contributions. La présence du président du CIO à la clôture de cette importante réunion a permis de mieux cerner les contours et les ambitions du CIO dans sa quête d’assurer un caractère irréversible de développement du mouvement olympique.

L’Afrique aura-t-elle une candidature aux Jeux de 2024?

C’est mon vœux le plus pieux. L’Amérique Latine a eu pour la première fois de son histoire ses premiers Jeux olympiques. L’idée de Thomas Bach d’avoir des installations sportives démontables et de réduire les coûts d’organisation des J.O pourrait inciter à l’avenir plusieurs pays à déposer leur candidature. Cependant, le succès qui couronnera les prochains Jeux de Rio aura certainement un impact positif sur une éventuelle attribution future des J.O au continent Africain. Quand on avait attribué la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud, beaucoup d’observateurs avaient parié sur un échec programmé de cet événement planétaire. L’éclatante réussite qui a caractérisé cette compétition a surpris beaucoup de monde. De mon côté, j’avais une grande foi en l’Afrique du Sud car ce pays recèle un grand potentiel dans différents domaines. Je ne peux pas me prononcer dans l’immédiat si l’Afrique sera candidate pour les J.O de 2024, mais sachez que je continuerai à peser de toutes mes forces pour qu’on puisse organiser les J.O en Afrique.

Lamine Diack quittera l’an prochain la présidence de l’IAAF. Quels dirigeants du sport africain sont-ils susceptibles d’occuper des fonctions comparables dans les années à venir?

C’est avec un pincement au cœur que j’ai appris la nouvelle de retrait de mon ami Lamine Diack de l’IAAF en 2015. C’est un militant de la cause sportive de la première heure qui s’en va. L’IAAF le regrettera certainement pour son leadership qui a été à la hauteur des ambitions que cette Fédération Internationale s’était assignées lors de son intronisation. C’est un porte parole attitré et un fervent défenseur de l’Afrique qui se retire. Nous le regretterons. L’Afrique jouit d’un potentiel en ressources humaines extraordinaire. Depuis quelques années, nous assistons à un déploiement de dirigeants sportifs dans les instances internationales. Cela est dicté par une profonde ambition de faire asseoir de nouvelles perspectives de développement pour le sport africain et sa jeunesse, qui demeurent ses priorités stratégiques eu égard à sa volonté de renforcer ses résultats sportifs de plus en plus éloquents et probants. Il est également question de faire entendre sa voix dans la défense de ses intérêts.