— Publié le 9 mai 2014

Les vrais vainqueurs du contrat du siècle

Institutions Focus

Commençons par les chiffres. Ils en disent long. Mercredi 7 mai, le CIO a annoncé par un long communiqué de presse, suivi d’une conférence téléphonique de son président, Thomas Bach, avoir signé mercredi 7,65 milliards de dollars avec le réseau NBCUniversal pour l’exclusivité des droits de diffusion aux Etats-Unis des Jeux olympiques jusqu’en 2032. Au cours actuel, ce jackpot pèse environ 5,5 milliards d’euros.

Le contrat en question court sur la période allant de l’après Jeux de Tokyo en 2020 jusqu’aux Jeux d’été de 2032, soit trois olympiades. Il concerne trois Jeux d’été (2024, 2028, 2032), trois Jeux d’hiver (2022, 2026 et 2030) et une poignée de Jeux olympiques de la Jeunesse.

Précision: les six Jeux olympiques en question n’ont pas encore été attribués. Personne ne sait donc où ils auront lieu et surtout, élément décisif pour un réseau de médias audiovisuels, dans quel fuseau horaire ils se dérouleront.

Autre précision: NBCUniversal n’avait pas été mis en concurrence avec un autre network américain. A priori, rien ne l’obligeait donc à casser ainsi sa tirelire pour conserver les droits des Jeux, droits qu’il détient depuis Tokyo en 1964. Pourtant, le groupe américain a encore augmenté son offre. Il avait payé en 2011 la somme déjà astronomique de 4,38 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) pour l’exclusivité des Jeux de 2014 (Sotchi), 2016 (Rio de Janeiro), 2018 (PyeongChang) et 2020 (Tokyo).

Selon le CIO, le contrat inclut même une prime à la signature de 100 millions de dollars (72 millions d’euros). Une somme qui devrait être utilisée pour la promotion de l’olympisme entre 2015 et 2020.

L’idée de renouveler rapidement le contrat entre NBC et le CIO a été évoquée par Thomas Bach dès l’automne dernier. Elle a été discutée à l’occasion d’un dîner à New York, en novembre 2013, où le CIO était représenté par son président, par son directeur général Christophe de Kepper et par son directeur du marketing, Timo Lumme. Thomas Bach a ensuite rencontré plus formellement Brian Roberts, le patron de Comcast, la maison mère de NBCUniversal, au Jeux d’hiver de Sotchi.

Voilà pour les chiffres. L’analyse, maintenant. En signant un tel contrat, le CIO n’a pas seulement connu « un jour heureux », pour reprendre l’expression de Thomas Bach. L’institution olympique a surtout largement éclairci son horizon. Pour lui-même. Et pour une ribambelle d’autres bénéficiaires.

Selon l’usage, le CIO conserve dans ses caisses, à son seul usage, seulement 10% des recettes tirées des droits de diffusion des Jeux. Le présent contrat lui assure donc un pactole de 550 millions d’euros, qui vient se rajouter à des réserves qui atteignaient déjà plus de 900 millions d’euros après les Jeux de Londres.

Les fédérations internationales et les comités nationaux olympiques, au nombre de 204, vont se partager le reste, soit presque 5 milliards d’euros. Certes, le nombre de parts n’est pas mince, mais le contrat signé par NBCUniversal assure au mouvement sportif international un avenir doré sur tranche.

Enfin, dernier vainqueur, encore masqué mais déjà très visible: le comité olympique américain (USOC). Nul besoin de savoir lire le futur dans les astres pour deviner que la probable candidature américaine pour les Jeux d’été de 2024 a pris un sérieux coup d’accélérateur avec la signature du contrat entre NBC et le CIO. Les Etats-Unis n’ont plus organisé les JO depuis Atlanta en 1996. Ils les veulent et n’en font plus mystère. Avec des Jeux à domicile, NBC aurait la certitude de rentabiliser son investissement. CQFD.