— Publié le 19 juin 2013

Pour Rio, descendez en Guyane

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A trois ans des Jeux de Rio, et moins de douze mois du Mondial de football, la Guyane se prend à rêver d’un avenir olympique. Seul territoire francophone sur le continent sud-américain, ce département français d’Amérique (DFA), peuplé de 250.000 âmes, possède une frontière commune avec le Brésil, longue de 700 km. Un atout dont ses dirigeants espèrent profiter pour attirer sur leurs terres un maximum d’équipes et de délégations dans leur périple vers Rio.
L’opération porte un nom : Guyane Base Avancée. Elle s’est également déjà dotée d’une structure, un GIP (Groupement d’Intérêt Public), piloté par Roger-Michel Loupec, le président, et Bernard Lama, l’ancien gardien de but des Bleus, le vice-président. Un budget d’environ 45 millions d’euros a été débloqué pour construire ou moderniser, entre 2011 et 2014, une large palette d’équipements sportifs.

Reste l’essentiel : séduire les fédérations, françaises ou étrangères, de choisir la Guyane pour y préparer la Coupe du Monde de football 2014, puis les Jeux olympiques et/ou paralympiques de 2016. Sur le papier, les arguments ne manquent pas. La Guyane se situe dans le même fuseau horaire que le Brésil. Elle est francophone. Le climat y est très similaire à celui de Rio. Les garanties de sécurité y répondent aux standards européens, une rareté dans cette partie du monde. Enfin, et peut-être surtout, les délégations y auront un accès gratuit aux installations, dont une piste d’athlétisme homologuée IAAF, une piscine olympique à 10 couloirs avec bassin d’échauffement, un plan d’eau de 1800 m pour l’aviron et le canoë-kayak course en ligne, une salle pour les sports de combat…

Bernard Lama n’en fait pas mystère : « Le lobbying pour attitrer des équipes nationales avant le Mondial de foot va débuter à l’automne, lorsque nous aurons une vision plus claire des pays qualifiés. » L’ancien portier des Bleus, champion du monde en 1998, espère profiter de son réseau pour convaincre une ou plusieurs équipes africaines. La France ? « Je ne me fais pas trop d’illusions, répond-il. La FFF nous a toujours snobés. En quarante ans, nous n’avons jamais eu la visite d’un seul de ses présidents successifs. »

Pour les Jeux de Rio, la Guyane a ciblé une quinzaine de sports. Bernard Lama suggère : « Nous invitons les fédérations françaises, mais également les pays étrangers. » Interrogé par FrancsJeux, le représentant de la Fédération française d’athlétisme, Olivier Belloc, se dit « tenté par la gratuité et la qualité des installations », mais méfiant quant à l’éloignement avec Rio. « Nous allons effectuer une mission pour tester les temps de voyage, mais un périple de 4 heures en avion pour rallier Rio depuis Cayenne pourrait s’avérer rédhibitoire. »
A la Fédération française de canoë-kayak, le DTN adjoint, Christophe Rouffet, se veut moins sceptique. « Nous venons de créer un pôle d’entraînement en Guyane, dit-il. Préparer les Jeux là-bas aurait donc un certain sens. Mais nous aurons besoin de plus d’informations sur la qualité du bassin et sur les athlètes qui le fréquenteront. Une chose est sûre : nous irons sur place avant de prendre une décision. »

A ce jour, il n’existe aucune liaison aérienne directe entre Cayenne et Rio. Une escale est obligatoire, à Belem, pour rallier les deux villes. Un handicap ? « Je ne vois pas pourquoi, rétorque Bernard Lama. S’il le faut, nous affrèterons des charters pour transporter les équipes directement vers la ville olympique. »