— Publié le 1 mai 2013

Un sport à cheval entre deux marques

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Rififi dans le monde des sports équestres. Trois des épreuves les plus prestigieuses, et les plus convoitées, du circuit du saut d’obstacles se sont associées au sein d’une nouvelle entité, le « Grand Chelem Rolex », indépendante de la Coupe du Monde. En cause, une guerre des marques entre l’horloger suisse Rolex, partenaire historique de l’équitation mondiale, et son concurrent Longines, nouveau sponsor officiel de la FEI (Fédération internationale d’équitation).

L’affaire est limpide. Et, osons-le, précise comme une montre suisse. En début d’année, Longines signe avec la FEI un contrat de 10 ans comme partenaire titre du classement mondial. Dans le même temps, la marque haut de gamme du groupe Swatch s’associe à la Coupe du Monde de saut d’obstacles et annonce son arrivée, dès l’hiver prochain, sur la nouvelle formule de la Coupe des Nations.

Pour Rolex, le coup est rude. L’horloger de luxe entretient avec les sports équestres une relation historique. Il a accompagné leur développement depuis de longues années, attachant son nom à celui de certains des meilleurs cavaliers du circuit (dont le Français Kevin Staut), devenant également chronométreur officiel de nombreux CSIO.

Face à l’emprise de Longines, Rolex profite de sa dernière participation à la finale de la Coupe du Monde, fin avril à Göteborg, pour annoncer sa riposte : la création d’un label à son nom, le « Grand Chelem Rolex. » Une nouveauté qui fait déjà saliver le monde de l’équitation. Normal, puisque ce nouveau défi regroupe trois compétitions mythiques du saut d’obstacles : les CSIO d’Aix-la-Chapelle en Allemagne et de Calgary/Spruce Meadows au Canada, le CSI de Genève en Suisse.

Réduit à une poignée de chiffres, le « Grand Chelem Rolex » laisse sans voix : un chèque d’un million d’euros sera attribué, en plus de la dotation des différents concours, au cavalier remportant les trois épreuves du défi. Une prime de 500 000 € ira dans la poche de celui qui en aura décroché deux consécutivement. Enfin, un bonus de 250 000 € est promis à tout compétiteur ayant inscrit son nom au palmarès de deux des trois Grands Prix, quel que soit l’ordre.

Autre nouveauté : les récompenses iront au cavalier, et non plus au couple, une nuance qui permet aux concurrents de changer de montures. Enfin, le « Grand Chelem Rolex » prévoit que deux cavaliers de moins de 25 ans participeront à chacune des épreuves.

Au risque de gonfler encore un peu plus un calendrier international déjà peu lisible, l’initiative de Rolex impressionne. Primo, la marque a réussi à conserver trois épreuves majeures de la saison, dont le rendez-vous d’Aix-la-Chapelle, où se pressent chaque année 350 000 spectateurs. Secundo, en assurant à ses trois piliers un statut enviable sur le circuit. Commentaire de Sophie Mottu Morel, la directrice du CSI de Genève : « Il n’a pas été facile pour nous de quitter la Coupe du Monde. Mais cette décision, en apparence inquiétante pour l’avenir, devrait en réalité nous permettre d’avancer. J’en veux pour preuve que la majorité des cavaliers nous a déjà assuré de son soutien pour 2013. » On les comprend : avec une dotation globale de 1,5 millions de francs suisses (environ 1,2 M€), la prochaine édition du CSI de Genève, prévue en décembre 2013, s’annonce comme l’épreuve en indoor la mieux dotée au monde.