— Publié le 25 janvier 2018

Chloe Kim, la bosse des langues

PyeongChang 2018

La francophonie se cache partout. Dans l’équipe olympique américaine, elle se glisse dans l’ombre de Chloe Kim, 17 ans, la nouvelle sensation du snowboard, grandissime favorite pour la médaille d’or en half-pipe. L’adolescente californienne peut passer avec un égal talent de l’anglais au français, ou du français au coréen. Une polyvalence linguistique héritée d’un parcours vécu sur trois continents.

Ses parents, Jong Jin Kim and Boran Yun Kim, sont originaires de Corée du Sud, où réside encore une partie de la famille. Ils se sont rencontrés en Suisse, avant de poser leurs malles aux Etats-Unis. Chloe a vu le jour à Long Beach, en Californie, le 13 avril 2000. Elle avoue seulement 4 ans le jour où son père la pose pour la première fois sur une planche et la lance dans la pente d’une colline. Un coup de foudre. La naissance d’une passion.

A 8 ans, elle s’envole pour la Suisse rejoindre sa tante, installée dans le Valais. Elle y reste deux ans. Le temps de muscler sa technique de surfeuse, apprendre le français et se dessiner un profil de future star des sports d’hiver.

La suite appartient à la légende. A 13 ans, Chloe Kim gagne son billet pour les Jeux de Sotchi, au sein de l’équipe américaine, mais les règlements olympiques l’empêchent de monter dans l’avion pour la Russie. Elle est trop jeune. La jeune fille se console aux X-Games à Aspen, quelques semaines plus tard, en décrochant la médaille d’argent en « superpipe. »

Depuis, sa trajectoire l’a éloignée peu à peu du commun des mortels. Aux Jeux de la Jeunesse d’hiver à Lillehammer, en 2016, elle est choisie comme porte-drapeau de l’équipe américaine. Puis elle rafle les médailles d’or en half-pipe et slopestyle. Quelques jours plus tôt, elle avait créé l’événement en devenant la première femme à poser deux 1080 (saut avec rotation de trois tours complets) l’un derrière l’autre en compétition officielle. Sa performance lui vaut la note parfaite de 100, un résultat obtenu avant elle par un seul athlète, son compatriote Shaun White, aux X-Games en 2012.

De son propre aveu, la victoire l’intéresse moins que le plaisir de défier les lois de l’attraction. « Gagner est important, bien sûr, mais je cherche avant tout à m’amuser, raconte-t-elle. Je suis encore trop jeune pour prendre tout cela trop au sérieux. » Passée professionnelle avant même d’avoir obtenu son permis de conduire, la Californienne a déjà assuré son avenir. Le catalogue de ses sponsors compte notamment les marques Burton, Laneige, Oakley, Target, Nike et Toyota.

Aux Jeux de PyeongChang, la victoire lui semble promise dans l’épreuve du half-pipe. « Je n’en fais pas une obsession, avoue-t-elle. Les Jeux constituent une étape dans ma carrière, mais je vais aborder la compétition comme n’importe quelle autre épreuve. Quel que soit le résultat, ils ne changeront pas ma vie. » Dans tous les cas, ses origines coréennes, sa personnalité et son sens du spectacle en feront l’une des attractions de la quinzaine.