— Publié le 30 avril 2020

La piscine de Paris 2024, plus chère mais durable

Événements Focus

Mauvais présage ? Le futur centre aquatique des Jeux de Paris 2024 a été officiellement dévoilé, mercredi 29 avril. L’ouvrage olympique en impose, avec ses lignes épurées et sa structure en bois. Mais son coût s’affiche à un niveau supérieur aux estimations.

Il sera situé sur la commune de Saint-Denis, en face du Stade de France, dont il sera relié par une passerelle (à construire) au-dessus de l’autoroute A1. La Métropole du Grand Paris (MGP), maître d’ouvrage d’un complexe destiné au plongeon, au water polo et à la natation synchronisée, en a attribué la construction à un groupement mené par Bouygues. Il s’agira du seul équipement sportif construit pour les Jeux de Paris, avec l’Arena 2 à la porte de la Chapelle.

Les chiffres, d’abord. Dans son dossier de candidature, Paris 2024 avait annoncé un complexe aquatique à 111 millions d’euros. Mais la Métropole du Grand Paris ne s’en cache pas : la nouvelle facture avoue une sérieuse hausse, à 174 millions d’euros.

Dans le détail, la construction du centre aquatique olympique (CAO) devrait coûter 147 millions d’euros, y compris la passerelle enjambant l’autoroute. A cette somme, il faudra ajouter la concession accordée pour 20 ans à Bouygues (20 millions d’euros), plus les coûts de dépollution du terrain.

Qui paiera ? La réponse est connue. La SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques) en supportera le plus gros, environ 154 millions d’euros, une somme apportée pour une moitié par l’Etat, pour l’autre par les collectivités. La Métropole du Grand Paris mettra 20 millions d’euros sur la table. Le COJO Paris 2024, de son côté, devra signer un chèque de 2,5 millions d’euros, le coût des équipements temporaires installés le temps des Jeux olympiques et paralympiques.

En pleine période d’incertitude économique, l’annonce du vainqueur de l’appel d’offres du futur centre aquatique (Bouygues était en concurrence avec Vinci), et surtout de la note finale du complexe sportif, ne tombe pas au meilleur moment. Il entretient le doute quant à la capacité du COJO et de la SOLIDEO à tenir le budget des Jeux de Paris 2024 dans la France de l’après-coronavirus.

Mais la SOLIDEO se veut rassurante. « Les coûts restent maîtrisés », assure-t-elle. La Métropole du Grand Paris, de son côté, explique la hausse de la facture par l’actualisation de la valeur de l’Euro, entre 2018 et 2025, et l’inflation des coûts du BTP en Ile-de-France.

Par ailleurs, le projet initial ne prévoyait pas de transformer le centre aquatique après les Jeux de Paris 2024 en un parc ludique ouvert au grand public, avec mur d’escalade, espaces de fitness, skate park et terrains de sport. Il en coûtera environ 20 millions d’euros à la Métropole du Grand Paris pour répondre à l’impératif d’héritage, brandi depuis le premier jour par les porteurs du projet olympique parisien.

Le complexe, maintenant. A en juger par les images virtuelles présentées mercredi 29 avril, le futur centre aquatique s’interdit toute démesure. Le bâtiment affiche une hauteur de 30 mètres, pour 100 mètres de long et de large. Il épouse une forme incurvée aux courbes douces. Il fait la part belle au bois.

A l’intérieur, Bouygues joue la carte de l’inédit avec un concept encore jamais vu aux Jeux : deux bassins séparés par une plateforme mobile, à la façon d’une plage. Un troisième bassin de 50 m sera accolé à l’ensemble pendant la durée des Jeux. Il servira à l’échauffement et la récupération.

Pour les Jeux de Paris 2024, la capacité du centre aquatique sera portée à 6.000 places assises. Elle sera réduite à seulement 2.500 après les compétitions olympiques et paralympiques.

Précision : la natation course se déroulera dans la même zone, mais dans un bassin couvert et démontable, entouré de tribunes temporaires de 15.000 places et de deux bassins d’entraînement.

Le choix du groupement mené par Bouygues doit encore être approuvé par un vote du conseil métropolitain de la MGP, prévu le 15 mai. Le chantier doit démarrer au printemps 2021. Le centre aquatique devra être livré au COJO au plus tard au printemps 2024.