— Publié le 29 janvier 2020

A l’Open d’Australie, la polémique s’invite sur le court

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Improbable année pour les organisateurs des Internationaux de tennis d’Australie. Après avoir dû faire face à une menace d’annulation, en raison des risques sanitaires liés aux incendies qui ravagent le pays, ils sont aujourd’hui confrontés à une polémique sur… le nom de l’un des courts de la Rod Laver Arena de Melbourne.

Mardi 28 janvier, deux des plus grands noms du tennis moderne, les Américains John McEnroe et Martina Navratilova, ont agité l’Open d’Australie en demandant publiquement que le court n°2 cesse de porter le nom de Margaret Court.

En cause, les propos sans nuance de Margaret Court, aujourd’hui âgée de 77 ans, victorieuse de 64 titres en Grand chelem entre 1959 et 1975, sur l’apartheid et sur l’homosexualité. L’Australienne a fait l’éloge du système d’apartheid en Afrique du Sud, déclaré que « le tennis est plein de lesbiennes », et suggéré que les enfants transgenres étaient « l’oeuvre du diable. »

Au lendemain de la cérémonie du 50ème anniversaire de la victoire de l’ancienne joueuse australienne en finale du tournoi, John McEnroe et Martina Navratilova ont profité d’un match de double mixte du tableau des Masters pour brandir une pancarte portant l’inscription : Evonne Goolagong Arena. Ils militent pour renommer le court à la gloire de la première Australienne aborigène à avoir remporté un tournoi du grand chelem.

Mardi, à Melbourne, Martina Navratilova est montée sur la chaise du juge-arbitre pour une déclaration au public, mais les organisateurs l’ont rapidement interrompue. « Je parle d’un sujet délicat depuis quelques années, et John est ici pour m’appuyer et pour poursuivre la discussion », a-t-elle eu le temps de dire avant que le son de son micro ne soit coupé. Les deux anciens joueurs ont ensuite brandi leur pancarte.

La Fédération australienne de tennis, Tennis Australia, a précisé dans communiqué être ouverte à la diversité et à la liberté d’expression, mais seulement dans le respect du protocole. « Chaque spectateur, joueur ou invité, doit respecter les règles de fonctionnement de notre tournoi, a rappelé Tennis Australia. Et cela, afin de protéger son intégrité. Deux de nos invités prestigieux n’ont pas respecté ce règlement, et nous leur avons fait part de ce problème. »

Très remontée, Martina Navratilova a publié mardi 28 janvier une lettre ouverte demandant de changer le nom du terrain n°2. « Cela me peine de le dire, mais le court doit être rebaptisé, a-t-elle écrit. Mes suffrages vont vers Evonne Goolagong. Elle est l’incarnation de ce qu’est vraiment un modèle, une héroïne. »

Très embarrassée par la controverse, Tennis Australia a expliqué par la voix de son porte-parole vouloir commémorer seulement « l’exploit sportif » de Margaret Court, mais ne pas cautionner ses « opinions personnelles méprisantes. »

A l’évidence, la formule n’a pas convaincu John McEnroe. « Tennis Australia a décidé d’inviter Margaret Court pour sa victoire en 1970, mais a précisé qu’on ne célébrera pas la personne qu’elle est, a-t-il commenté. Eh bien, ça ne marche pas comme ça. On ne peut pas dissocier une personne de ses performances. »

Plus tôt dans le tournoi, l’ex numéro 1 mondial s’était moqué de l’Australienne dans une vidéo diffusée sur Eurosport. « La qualité de l’air à Melbourne n’est pas le seul cauchemar que Tennis Australia doit gérer, a suggéré John McEnroe. Margaret Court en est un autre. Il n’y a qu’une chose plus longue que le palmarès de Margaret Court : la liste de ses déclarations homophobes et offensantes. »