— Publié le 24 avril 2019

En aviron, les candidatures se ramassent à la pelle

Institutions Focus

Son image le suggère ancré dans le passé, mais l’aviron sait parfois se montrer novateur. Au chapitre des candidatures aux événements internationaux, il semble même avoir pris un temps d’avance. Il navigue loin devant le CIO, confronté depuis une décennie à une inquiétante raréfaction des postulants.

La Fédération internationale d’aviron (FISA) a dévoilé, mardi 23 avril, la liste des candidatures pour ses événements durant la période 2021-2026. Au 15 avril 2019, la date limite établie en début de processus pour déposer un dossier, 21 pays ont répondu à l’appel de la FISA. Ils représentent 31 sites de compétition.

La démarche est inédite. Initiée à la fin de l’année 2017 par Jean-Christophe Rolland, le président de la FISA, elle porte un nom : SEAP. Les initiales d’un nouveau « processus stratégique de l’attribution des événements », censé mieux coller aux réalités économiques du mouvement sportif international.

Pour résumer, la FISA ne se contente plus d’attendre que les pays intéressés se manifestent, année après année, pour postuler à un championnat ou une Coupe du Monde d’aviron. Elle a inversé le processus en affichant au tableau une liste de 36 événements continentaux ou mondiaux, entre 2021 et 2026. Aux fédérations nationales d’en prendre connaissance, puis de remplir les cases censées correspondre le mieux à leur stratégie de développement ou de promotion. Une forme de vente aux enchères, donc, avec la possibilité de consulter le catalogue avant de préparer son offre.

Les avantages sont nombreux. En tête de liste, la possibilité offerte aux pays de présenter en même une candidature à plusieurs éditions successives d’un même événement. En cas d’échec, ils n’auront pas à reprendre leur dossier pour éventuellement en présenter une autre version l’année suivante, voire renoncer définitivement. Kazan et Plovdiv, par exemple, postulent aux Mondiaux des moins de 23 ans en 2022 et 2023. Le battu des deux pour la première édition pourrait bien se consoler en décrochant la deuxième.

Le résultat donne déjà raison à la FISA. Trente-six événements étaient en jeu, pour l’essentiel des championnats du Monde, mais également des Coupes du Monde et des championnats d’Europe. Vingt-et-un pays ont déposé au moins un dossier. L’Allemagne pointe en tête, avec 5 dossiers de candidature, devant la France, qui postule à trois grandes compétitions, dont les championnats d’Europe en 2023 et 2024 (Gravelines).

Trois villes sont en lice pour les Mondiaux d’aviron en 2023 : Belgrade (Serbie), Poznan (Pologne) et Trakai (Lituanie). L’Australie est seule en lice pour les Mondiaux en 2025. Elle remportera donc la mise. Tout juste lui faudra-t-elle choisir entre Perth et Sydney pour organiser la compétition. En revanche, aucune candidature n’a encore été déposée pour le rendez-vous mondial en 2026.

Aux habitués du genre (Lucerne, Bled, Poznan ou Plovdiv) s’ajoutent plusieurs nouveaux venus. Citons, en vrac, les villes suédoise de Hjelmsjo, russe de Kazan, sud-africaine de Pretoria. Une bonne nouvelle pour la FISA, déterminée à étendre les frontières de ses compétitions internationales.

Autre réussite : trois anciens bassins olympiques figurent dans la liste des candidatures. Munich, Montréal, et Banyoles, le site des épreuves d’aviron aux Jeux de Barcelone en 1992, postulent à un événement estampillé FISA. Toujours bon à prendre à une époque où l’héritage olympique n’est pas toujours un concept si facile à concrétiser une fois éteinte la flamme des Jeux.

Les pays candidats ont jusqu’au 30 juin 2019 pour finaliser leur offre, en incluant notamment les garanties financières. Tous les championnats du Monde seront attribués en une seule fois, lors du prochain congrès de la FISA, prévu le 2 septembre 2019 à Linz, en Autriche.

Les épreuves de la Coupe du monde et les régates des Masters seront attribuées directement par le conseil de la FISA, puis annoncées lors du même congrès en septembre prochain. Les championnats d’Europe, eux, seront attribués par l’assemblée générale extraordinaire de la FISA, prévue plus tard cette année.