— Publié le 4 avril 2019

Les Jeux de Paris 2024, un marché à 150 000 emplois

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Un mât de cocagne. A 5 ans et une poignée de mois de l’événement, les Jeux de Paris 2024 ont encore toute l’allure d’un mât de cocagne. Avec, suspendus comme des filets garnis, des promesses d’emplois comme s’il en pleuvait.

Le comité d’organisation a convoqué un casting doré sur tranche, ce jeudi 4 avril à la Plaine Saint-Denis, pour présenter son plan emploi. Pas moins de trois ministres (Muriel Pénicaud pour le Travail, Julien Denormandie pour la Cohésion des territoires, Roxana Maracineanu pour les Sports), la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, son homologue de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, mais aussi certains des acteurs habituels du dossier (Patrick Braouzec pour Plaine Commune, Jean-François Martins pour la ville de Paris). Et, bien sûr, Tony Estanguet et Nicolas Ferrand, pour le COJO Paris 2024 et la SOLIDEO.

L’emploi est une affaire d’importance. Le sujet rassemble. Pas question, donc, d’oublier du monde.

Mais la vedette de la matinée ne prendra pas la parole. Elle sera contenue dans une cartographie réalisée à la demande du COJO par le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges et par le groupe Amnyos. Elle se résume en un chiffre : 150 000. Le nombre d’emplois qui devraient être mobilisés, entre 2019 et 2024, par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Derrière le terme « mobilisés », volontairement assez flou, cohabitent de réelles créations d’emplois et des transferts temporaires de salariés sur des chantiers et des missions liés aux Jeux.

Tony Estanguet insiste : une telle étude à plus de 5 ans de l’événement « n’a jamais été faite ». On le croit sur parole. Une enquête assez semblable avait été menée par le CDES pendant la phase de candidature. Elle révélait une fourchette très large, entre 119.00 et 247.000 créations d’emplois. Depuis, les chercheurs ont revu leur copie et affiné le travail.

Dans le détail, ces emplois « par nature limités dans le temps » se répartissent dans trois principaux secteurs d’activité.

En tête, l’organisation. Logique. En tout, pas moins de 78.300 emplois, pour l’essentiel à partir de l’année 2021. Ils concerneront l’événementiel proprement dit (communication marketing, audiovisuel, spectacles…), la sécurité privée, les transport, la gestion des déchets.

En deuxième position, l’hôtellerie et la restauration, avec une perspective affichée de 60.000 emplois, surtout au cours de l’année 2024. Un secteur du tourisme qui pourrait, contrairement à celui de l’événementiel, survivre en partie à l’après Jeux de Paris 2024.

Enfin, le secteur de la construction devrait générer 11.700 emplois, pour l’essentiel entre 2021 et 2023. Un nombre relativement réduit, conséquence attendue d’un dispositif olympique ayant favorisé les équipements déjà existants ou seulement temporaires.

Le COJO et la SOLIDEO en ont fait un principe, écrit en gras et souligné d’un trait épais : il ne sera pas question de laisser sur le bas-côté de la route les publics ayant le plus besoin d’accéder au monde du travail. La SOLIDEO a fixé dans une charte un « objectif globalisé et moyen de 10% des heures travaillées pour les publics les plus éloignés de l’emploi. » En tête de liste, les habitants de la Seine-Saint-Denis, un département où près d’un jeune sur trois est au chômage.

La même charte ambitionne de « promouvoir l’accès à la commande publique et privée pour les TPE/PME », les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), de l’insertion et le secteur du handicap. Il pourrait leur être réservé au moins 25% du montant global des marchés.

Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, l’explique dans l’Equipe : l’Etat va créer avant la fin de l’année 2019 une agence virtuelle Pôle emploi dédiée aux Jeux de Paris 2024. Elle travaillera également sur la Coupe du Monde de rugby en France en 2023. Cette agence d’un genre inédit sera dotée d’un site Internet d’offres d’emplois étiquetées Jeux olympiques.

« Pôle emploi ira au-devant des demandeurs d’emploi des quartiers prioritaires de la ville de Seine-Saint-Denis avec un bus aux couleurs du projet qui sillonnera le département, détaille Muriel Pénicaud. Cette équipe virtuelle JO sera aussi l’interlocuteur pour les grandes entreprises qui cherchent à recruter. » La course est lancée.