Candidatures

Sur le dossier des deux Corée, la FIFA devance le CIO

— Publié le 4 mars 2019

Gianni Infantino devancera-t-il Thomas Bach ? Pas impossible. Quelques semaines après l’annonce par le CIO d’un projet de candidature commune des deux Corée aux Jeux d’été en 2032, la FIFA s’aventure à son tour sur le terrain de la diplomatie du sport.

Présent en Ecosse, en fin de semaine passée, pour une réunion de l’International Football Association Board, Gianni Infantino a évoqué à son tour une possible candidature des deux voisins de la péninsule coréenne à un événement majeur du football mondial. Il l’a fait le sourire aux lèvres, sans cacher son plaisir à la perspective de placer la FIFA en bonne place dans le processus de paix.

« J’ai entendu parler d’un projet des deux Corée pour la Coupe du Monde féminine de la FIFA en 2023, a-t-il confié. J’ai déjà entendu ça. Ce serait génial. »

Génial, attendons. Mais le président de la FIFA reprend l’avantage. Avec un calendrier qui affiche complet pour la décennie à venir, le CIO est contraint d’attendre les Jeux d’été en 2032. La FIFA peut aller beaucoup plus vite.

La Coupe du Monde féminine en 2023 n’a pas encore été attribuée. Le processus de candidature laisse peu de place à l’attentisme, les pays devant manifester leur intérêt au plus tard le 15 mars 2019, avant de formaliser leur candidature avant le 16 avril. Les dossiers seront ensuite à envoyer avant le 4 octobre, pour une décision du Conseil de la FIFA prévue en mars 2020. Le temps presse, donc. Mais tout reste jouable.

Preuve de la popularité croissante du football féminin, pas moins de quatre pays ont déjà annoncé plus ou moins officiellement leur intention de postuler : l’Australie, la Colombie, le Japon et l’Afrique du Sud. Un projet commun des deux Corée donnerait à l’événement une dimension nettement plus médiatique. Gianni Infantino le sait.

Autre option : le Mondial masculin en 2030. Le processus de candidature n’a pas encore débuté, mais la ligne de départ affiche déjà presque complet. L’Argentine, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay font cause commune. L’Angleterre a pris la tête d’un projet des îles britanniques, avec l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et l’Irlande. Quatre pays des Balkans – la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie et la Serbie – préparent de leur côté un dossier commun. Enfin, le gouvernement espagnol a exprimé son intérêt à s’associer avec le Portugal et le Maroc.

Moon Jae-in, le président sud-coréen, évoque depuis longtemps le projet d’une candidature au Mondial 2030. Il en a parlé pour la première fois à Gianni Infantino en juin 2017, à l’occasion d’un entretien entre les deux hommes à Séoul. A l’époque, le Sud-Coréen rêvait d’un dossier asiatique, où les deux Corée seraient associées à la Chine et au Japon. Le président de la FIFA avait souri très poliment.

Moon Jae-in est revenu à la charge un an plus tard, en Russie, mais en réduisant cette fois la voilure. Il a évoqué une candidature des deux Corée. « Le président Moon a dit au président de la FIFA que son rêve de voir les deux Corée organiser ensemble la Coupe du Monde devient petit à petit une réalité », avait alors assuré au Korea Times un porte-parole de la présidence sud-coréenne. Gianni Infantino avait encore souri, mais sans la moindre ironie, avant de répondre que Séoul devrait se préparer dès maintenant à un tel événement.

Gianni Infantino le répète à chaque occasion: l’abondance ne l’inquiète pas. « En général, plus il y a d’enchérisseurs, mieux c’est, suggère-t-il. Plus on parle de tous ces sujets, des candidatures conjointes, des Sud-Américains, des pays hôtes, des confédérations, plus je suis heureux. »

Très à la mode dans l’univers olympique, l’unification de la Corée fait désormais également fureur dans le monde du football. Reste à savoir laquelle des deux institutions, entre le CIO et la FIFA, transformera l’essai la première.