Candidatures

Stockholm 2026, touchée et presque coulée

— Publié le 15 octobre 2018

Le CIO l’a annoncé au début du mois, à l’occasion de la session de Buenos Aires : la course aux Jeux d’hiver 2026 sera rabotée d’une poignée de semaines. Le scrutin ne se déroulera plus en septembre 2019 à Milan, mais en juin de la même année à Lausanne. A en juger par les derniers événements, la campagne risque d’être encore trop longue pour les ultimes candidats toujours en vie.

En fin de semaine passée, le dossier porté par la ville de Stockholm a reçu une volée de plombs des autorités municipales. Il respire encore, mais le souffle lui manque. Paradoxe : le CIO avait donné son feu vert à la capitale suédoise, quelques jours plus tôt, pour continuer l’aventure.

Selon les médias nationaux, la nouvelle coalition majoritaire au conseil municipal, où les Verts font cause commune avec une alliance de centre-droit, se refuse à engager le moindre sou d’argent public pour organiser les Jeux d’hiver en 2026.

« La position défendue par nos partis est de s’assurer que les Jeux olympiques d’hiver ne seront pas financés par les impôts des contribuables, a confié Karin Ernlund, membre du Parti centriste, au SVT Nyheter. Le montage du projet olympique ne doit pas nuire à nos travaux en matière d’environnement et de changements climatiques. Nous estimons aussi que Stockholm devra prioriser plusieurs autres défis majeurs. Pour toutes ces raisons, Stockholm n’accueillera pas les Jeux d’hiver en 2026. »

Le message est clair : la nouvelle équipe municipale, issue des dernières élections, ne veut pas des Jeux. Elle ne veut pas les financier, même symboliquement. Plus grave : l’événement ne figure en aucune manière sur son agenda.

Maigre consolation pour les porteurs du projet : les élus locaux se disent prêts à ressortir le dossier des cartons pour une prochaine échéance. « Il manque du soutien pour les Jeux olympiques d’hiver en ce moment, mais tout le monde veut les obtenir dans l’avenir, a confié Anna Konig Jerlmyr, membre du parti modéré de Suède. La question est donc de savoir quand. »

Fin de l’histoire ? Probable, mais pas certain. Au CIO, l’heure est à l’attente. L’organisation olympique explique n’avoir encore reçu « aucune confirmation officielle de la décision » du conseil municipal de Stockholm.

Dans le camp de l’équipe de candidature, l’annonce de la position des autorités locales a été accueillie comme une douche froide. Mais les porteurs du projet s’accrochent. Logique. Depuis la réduction à seulement trois villes de la campagne pour les Jeux d’hiver – Calgary, Milan/Cortina et Stockholm -, les Suédois savent que le contexte du moment peut leur offrir une chance historique. Ils peuvent rafler la mise, sous réserve de rester en vie jusqu’au moment du vote, en juin 2019 à Lausanne.

Dans un communiqué envoyé vendredi dernier, l’équipe de Stockholm 2026 refuse d’évoquer l’idée d’un retrait de la campagne. Elle explique vouloir débuter sans attendre une phase de « dialogue » avec la nouvelle majorité municipale. Avec l’objectif de la convaincre des merveilles de l’Agenda 2020 et de la Nouvelle norme du CIO.

« Notre dossier est solide, notre budget est solide et il est financé à 100% par des fonds privés, explique le communiqué de Stockholm 2026. Nous pensons que cette approche est adaptée aux nouvelles réalités du CIO. Stockholm 2026 établira de nouveaux standards en termes de durabilité, non seulement pour nos Jeux, mais également pour les Jeux d’hiver qu suivront. »

Sans doute. Mais l’actualité de la candidature suédoise se révèle plus immédiate. Elle doit convaincre la majorité municipale de revenir sur sa position et de lui apporter son soutien, au moins politique, à défaut de s’accompagner d’une enveloppe budgétaire. Pas simple.

Dans tous les cas, le projet suédois est désormais fragilisé. Mais il peut se rassurer en se disant qu’il n’est pas le seul. A Calgary, le référendum du 13 novembre se présente comme un très périlleux obstacle. Il n’est pas gagné d’avance. En Italie, la candidature commune de Milan et Cortina d’Ampezzo n’est pas certaine d’obtenir les engagements de l’Etat exigés par le CIO au moment du dépôt du dossier.

Question : la session du CIO annoncée pour le mois de juin 2019 à Lausanne aura-t-elle encore à voter pour désigner la ville-hôte des Jeux d’hiver en 2026 ? Pour lui cela, il faudrait au moins deux candidats. A ce stade de la campagne, il n’est pas certain qu’il en reste encore un.