Candidatures

Au Canada, un pactole pour aider les chercheurs d’or

— Publié le 12 octobre 2018

Quel contraste ! Après un siècle d’attente, Paris organisera les Jeux d’été en 2024, mais le gouvernement français rogne ses crédits pour le sport avec un acharnement presque maniaque. Au Canada, où la candidature de Calgary pour les Jeux d’hiver 2026 doit encore surmonter l’obstacle d’un référendum, le comité national olympique vient de lancer l’une des plus ambitieuses campagnes de financement de son histoire.

Son nom : 5à8. Deux chiffres censés définir le périmètre de l’opération. La campagne de la Fondation olympique, l’organisation caritative en charge de Team Canada, concerne tous les athlètes susceptibles de grimper sur un podium international dans les 5 à 8 années à venir. A l’horizon 2023/2026, donc. En clair, la prochaine génération de sélectionnés olympiques.

A l’origine du projet, une famille de milliardaires. David Asper, un avocat, homme d’affaires et mécène canadien, son épouse Ruth et leurs trois enfants, Daniel, Rebecca et Max, ont pioché dans la fortune familiale pour consentir à la Fondation olympique un don de 2,5 millions de dollars canadiens (1,65 million d’euro).

Leur contribution est présentée comme la plus importante de l’histoire, à titre privée, pour le sport olympique canadien. Un joli coup de pouce. Mais le projet va plus loin. Il s’accompagne d’une campagne de financement participatif à l’échelle nationale. Le comité olympique canadien (COC) en appelle à la générosité de la population. Précision : le gouvernement du Canada s’est engagé à apporter un dollar d’argent public pour chaque dollar versé. Il a donc doublé la valeur du pactole offert par la famille Asper. La cagnotte pèse déjà 5 millions de dollars.

Le comité olympique canadien s’en explique via un communiqué : « La campagne 5à8 vise la prochaine génération d’olympiens qui se trouvent de cinq à huit ans du podium, une période où le besoin de financement est le plus grand pour soutenir leur entraînement et leur développement. »

Une campagne vidéo a été mise en ligne pour solliciter les Canadiens à mettre la main au portefeuille. Elle met notamment en scène un jeune décathlonien, Pierce LePage, médaillé d’argent aux Jeux du Commonwealth 2018 à Gold Coast, en Australie. « Je connais beaucoup d’athlètes de mon âge qui ont laissé tomber leur carrière sportive après le lycée, faute de moyens financiers, explique-t-il. Dans mon cas, le plus coûteux reste de voyager pour les compétitions, surtout en Europe. Si je veux aller en France disputer un gros décathlon, je dois dépenser 1.000 dollars pour le billet, et encore 1.000 dollars pour emmener mes perches. »

« Les athlètes de la prochaine génération d’olympiens sont enflammés. Notre soutien collectif peut garder ce feu vivant en eux », suggère Ruth Asper. Pour Paul McIntyre Royston, le directeur exécutif de la Fondation olympique, le don de la famille Asper peut « transformer l’image de la philanthropie sportive au Canada. »

Hasard ou pas, le lancement de la campagne 5à8 intervient quelques jours seulement après la décision du CIO de réduire à trois candidatures la campagne pour les Jeux d’hiver 2026 : Calgary, Stockholm et Milan/Cortina d’Ampezzo. Le comité olympique canadien s’est bien gardé de rapprocher les deux événements. Ils ne sont pas liés.

La campagne 5à8 se poursuivra au delà du 13 novembre 2018, dans l’éventualité où le référendum sur les Jeux de 2026 serait défavorable à la candidature. En cas de victoire du oui, elle renforcerait à coup sûr le dossier porté par Calgary.