— Publié le 6 mars 2018

A PyeongChang, le drapeau russe était bien caché

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Le secret a été bien gardé. Il aurait pu le rester sans la tentation des réseaux sociaux. Aux Jeux d’hiver de PyeongChang, les Russes cachaient sous leurs tenues officielles, sobrement neutres, sans le moindre rappel de couleur à la mère patrie, le drapeau national.

La révélation de ce secret olympique est venue de l’une des figures les plus reconnaissables de la délégation des « Athlètes olympiques de la Russie » (AOR). Evgenia Medvedeva, 18 ans, double championne du monde de patinage artistique, médaillée d’argent aux Jeux de PyeongChang derrière sa compatriote Alina Zagitova, a posté sur son compte Instagram une vidéo enregistrée dans l’avion du retour entre Séoul et Moscou.

A l’image, elle ouvre la parka grise portée par la délégation des AOR lors des cérémonies officielles, puis dégrafe l’épaisse écharpe blanche. En dessous, elle découvre un drapeau de la Russie.

La jeune patineuse accompagne ses gestes de ce commentaire, en russe: « Et voilà, mes amis, nous avons regagné notre patrie, et donc… Ça doit faire longtemps que nous avons rêvé de le faire. Le secret de la drôle d’écharpe blanche est dévoilé ».

 

 

En portant un drapeau russe cousu à l’intérieur de leur parka officielle, les athlètes russes n’ont pas enfreint les règles imposées par le CIO en échange de leur participation aux Jeux de PyeongChang. Au moins sur la forme.  Rien ne les empêchait, en effet, de cacher leurs couleurs sous une apparente neutralité. Il leur était interdit d’arborer les couleurs ou l’emblème de leur pays. Il ne leur était pas autorisé de chanter l’hymne national sur le podium. Les hockeyeurs l’ont fait, sur la glace, après leur victoire en finale du tournoi olympique. Ils n’ont pas été sanctionnés.

Aux Jeux d’hiver, le CIO avait même poussé le zèle jusqu’à empêcher les autorités russes d’apposer le nom du pays sur la façade du lieu de rencontre des officiels, journalistes et supporteurs du pays, une bâtisse à étages louée à Alpensia. Elle avait été sobrement baptisée « Club des Sports ».

Ironie de l’histoire: Evgenia Medvedeva faisait partie de la délégation du comité olympique russe présente à Lausanne, le 5 décembre dernier, jour où la commission exécutive du CIO a décidé d’interdire la présence de la Russie aux Jeux de PyeongChang. Elle avait pris la parole devant les membres de l’organe de décision de l’institution olympique. La jeune patineuse avait alors confié qu’elle pourrait renoncer à participer aux Jeux dans l’hypothèse où la seule option proposée serait une présence sous couvert de neutralité. Elle a changé d’avis. Mais en cachant sa fierté sous son épaisse parka.