— Publié le 18 février 2018

Avec Alibaba, des Jeux moins chers et plus intelligents

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Le CIO peut se frotter les mains. En ouvrant toute grande la porte de son programme de marketing TOP au groupe chinois Alibaba, l’an passé, il a réussi un formidable coup double. Le géant asiatique du commerce en ligne ne l’a pas seulement enrichi d’une somme rondelette (Bloomberg avance le chiffre de 800 millions de dollars sur 12 ans). Il promet également à l’organisation olympique de lui révéler tous les secrets pour réduire les budgets des prochains Jeux olympiques. En ces temps difficiles, une telle perspective n’a pas de prix pour Thomas Bach et pour l’institution.

Jack Ma, le fondateur et président d’Alibaba, s’est offert un séjour express aux Jeux de PyeongChang en début d’événement. A son programme, la cérémonie d’ouverture, un passage par l’immense stand d’exposition de sa marque au parc olympique de Gangneung (photo ci-dessous), puis une conférence de presse, où le Chinois a partagé la scène avec Thomas Bach et l’ex basketteur Yao Ming. Il a assuré le show. Surtout, Jack Ma a révélé son approche très directe du partenariat avec les Jeux: « Nous allons faire gagner de l’argent à tout le monde ». Entendez par là le mouvement olympique dans son ensemble, à commencer par les organisateurs des prochains Jeux.

Comment? La réponse tient en un mot: technologie. Le géant du commerce en ligne entend déployer son arme fatale, le « cloud », dans l’univers olympique. Jack Ma l’a annoncé: « Nous voulons proposer un village olympique plus intelligent et plus connecté. » Les Chinois prévoient également de mettre leur « sports brain », un complexe maillage de logiciels et d’applications digitales, au service des organisateurs. Objectif: améliorer et simplifier la gestion des données, pour les résultats, les images, le système de transport ou encore les accréditations.

Entré dans le programme TOP du CIO en janvier 2017, Alibaba a signé un contrat de partenariat jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028. A PyeongChang, l’entreprise chinoise vit ses premiers JO. Faute de temps, sa présence reste « modeste ». Mais le groupe a dépêché 2 à 300 personnes en Corée du Sud. Il a installé dans le parc olympique de Gangneung un pavillon d’exposition, où le visiteur peut notamment expérimenter la reconnaissance faciale.

 

 

L’effet Alibaba s’annonce progressif. Aux Jeux de Tokyo, il montera en puissance en proposant une poignée d’innovations, annoncées très expérimentales. Mais l’offensive est prévue pour les Jeux d’hiver de Pékin en 2022. « Nous n’avons pas signé un partenariat avec le CIO dans la perspective de ces premiers Jeux d’hiver en Chine, assure Jack Ma. Mais le calendrier n’est pas pour nous déplaire. »

Chris Tung, le directeur du marketing, explique: « Pour les Jeux de Pékin en 2022, nous aurons eu tout le temps nécessaire pour nous préparer. Les données les plus importantes, et les plus confidentielles, sur les Jeux et sur les athlètes, seront alors stockées dans notre cloud« .

Paris 2024? Etienne Thobois et Tony Estanguet, respectivement directeur général et président du comité d’organisation, attendent beaucoup du savoir-faire chinois. « Nous avons rencontré les gens d’Alibaba à PyeongChang, explique le premier. La technologie peut nous aider à proposer des Jeux moins coûteux et plus performants. La vitesse et la fluidité de l’information sont devenues essentielles. En 2024, nous pourrons profiter à fond de ces progrès technologiques. »

Pendant les Jeux de PyeongChang, les deux Français ont eu l’occasion de visiter l’IBC, le centre des médias audiovisuels. Une découverte pleine de promesses. « Yannis Exarchos (le directeur général d’OBS, la filiale du CIO en charge de la production des images des Jeux, ndlr) nous a expliqué que les nouvelles technologies permettaient aujourd’hui de produire cinq fois plus de contenus que lors des Jeux précédents, avec les mêmes moyens« , racontent les deux hommes. Vivement demain.