Candidatures

L’Autriche dit « non merci » aux Jeux d’hiver 2026

— Publié le 16 octobre 2017

La série continue. Après les Grisons en février dernier, un autre projet olympique a été renvoyé par le fond au terme d’une consultation populaire. Les habitants de la région du Tyrol, en Autriche, se sont prononcés par référendum contre la candidature d’Innsbruck aux Jeux d’hiver en 2026. Ils ont dit « nein ». Fin de l’histoire.

Le vote a été organisé dimanche 15 octobre, en marge des élections législatives en Autriche. La question posée aux habitants des 279 communes du Tyrol était la suivante: « Est-ce que le Tyrol peut offrir des Jeux olympiques 2026 économiquement et écologiquement durables? »

Subtil, certes. Mais la réponse n’a pas fait un pli. Le non l’a emporté avec une majorité de 53,56% des suffrages. A Innsbuck, la ville candidate, les opposants au projet ont été encore plus nombreux, le non recueillant 67,41% des votes exprimés. Maigre consolation pour les porteurs de la candidature, les stations du Tyrol, dont Hochfilzen et Soelden, ont voté majoritairement pour le oui.

Sur le papier, le projet Innsbruck 2026 ne semblait pourtant pas de nature à effrayer la population. Il se voulait même « économiquement et écologiquement durable », avec un budget de 1,175 milliard d’euros. Hôte des Jeux d’hiver en 1964 et 1976, et plus récemment des Jeux de la Jeunesse en 2012, la ville proposait d’utiliser les infrastructures existantes et de seulement construire des sites temporaires. Son dossier prévoyait d’inclure le village des athlètes dans le plan de développement d’un quartier d’Innsbruck.

Mieux: le budget des Jeux ne comptait pas un sou d’argent public. En juin dernier, le gouvernement autrichien l’avait assuré de son soutien. Les partis politiques étaient eux aussi favorables, à l’exception des Verts et d’un groupe indépendant, la Liste Fritz.

Un projet sans risque. Un quasi consensus politique. Un dossier aux chances réelles de victoire, dans un contexte géo-politique a priori favorable à l’Europe et aux nations traditionnelles des sports d’hiver. Innsbruck 2026 avait tout cela, mais la population du Tyrol n’en a pas voulu. Au-delà du projet, elle s’est prononcée contre l’idée même des Jeux. Une forme de motion de défiance à l’égard du mouvement olympique, dans la lignée du non au référendum pour Hambourg 2024, voire dans une moindre mesure de la pétition pour une consultation sur Budapest 2024.

A qui profite le retrait autrichien? A première vue, à ses concurrents directs. Avec un rival de moins, Sion, Calgary, Sapporo, Almaty, Erzurum ou Stockholm voient le terrain de se dégager. Mais en poussant l’analyse, il n’est pas certain que le non au référendum autrichien serve leurs intérêts. A Calgary, le conseil municipal hésite encore. Le désistement d’Innsbruck pourrait lui donner des arguments pour aller vers le refus. Il est toujours plus facile, en effet, d’aller dans le sens du vent, surtout en politique. Même réflexion pour Stockholm, où les autorités politiques peinent à se mettre d’accord pour accorder leur soutien au projet.

Reste le cas Sion 2026. Le Conseil fédéral suisse a repoussé la semaine passée sa décision sur le soutien à accorder à la candidature. Dans l’hypothèse où il lui accorderait son feu vert, l’équipe de Sion pourrait avoir à surmonter l’obstacle d’un référendum. Là aussi, les opposants au projet auraient beau jeu de brandir l’exemple autrichien pour inciter les votants à aller dans le sens du vent.