— Publié le 29 mai 2017

Gustavo Salazar, un pavé dans la mare du badminton

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Sale affaire. Une de plus. Un nouveau pavé dans la mare du mouvement olympique. Elle touche un pays peu épargné par les scandales, le Pérou, mais une fédération internationale, celle du badminton,  jusque-là restée à l’écart des mauvaises nouvelles.

Le fautif porte un nom à rallonge. Gustavo Salazar Delgado, 52 ans (photo ci-dessus), a fait carrière dans le badminton avant de se lancer dans les affaires. Sur son rebord de cheminée, 19 titres de champion du Pérou, décrochés en simple et en doubles, dans les années 80 et 90. Un palmarès assez épais pour le conduire tout droit, en 2002, vers la présidence de la fédération péruvienne de badminton.

De là, le dirigeant sud-américain s’est propulsé vers une autre organisation sportive, moins discrète, la Badminton World Federation (BWF). En 2007, il accède à son Conseil, où il siège pendant 6 ans comme vice-président représentant la zone panaméricaine. En mai 2013, il grimpe d’un cran dans la hiérarchie de la fédération internationale, pour s’asseoir sur le fauteuil de premier (« deputy ») vice-président. A la mi-mai, cette année, il a rempilé à ce poste pour une nouvelle olympiade, à l’occasion de l’assemblée générale de la BWF, organisée sur la Gold Coast, en Australie. Il était seul candidat à sa succession. Dans l’organigramme de l’institution, Gustavo Salazar Delgado pointe aujourd’hui en deuxième position, juste derrière le président, le Danois Poul-Erik Hoyer, par ailleurs membre du CIO. Homme d’affaires avisé, le Péruvien apparaît dans une généreuse poignée de conseils d’administration d’entreprises privées ou publiques, au Pérou et dans le reste de l’Amérique du Sud.

Pour combien de temps? Selon les dernières nouvelles en provenance de Lima, ses jours de liberté semblent comptés. Gustavo Salazar Delgado a trempé dans l’affaire Oderbrecht, un scandale à grande échelle de corruption et de blanchiment d’argent dans le secteur du BTP, parti du Brésil pour toucher plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont l’Argentine, Panama et l’Uruguay. Le nom du vice-président de la BWF a été cité à plusieurs reprises au cours des derniers semaines. La semaine passée, il a été l’objet d’une mise en détention provisoire. Les médias péruviens ont assuré qu’il avait quitté le pays. Il aurait été localisé au Chili.

Samedi 27 mai, nouvelle escalade dans l’affaire. A Lima, le pouvoir judiciaire a énoncé une sentence de prison préventive de 18 mois à l’encontre de Gustavo Salazar Delgado. Sa participation au scandale Oderbrecht ne fait plus de doute pour la justice péruvienne. Il y serait lié de près via l’ex gouverneur de la région Cusco, Jorge Acurio.

Gustavo Salazar Delgado n’est pas encore derrière les barreaux. Il aurait trouvé refuge chez sa fille, aux Etats-Unis, et refuserait de revenir au Pérou pour être entendu par les juges. Un exil qui pourrait rapidement conduire les autorités péruviennes à le gratifier également d’un ordre de capture judiciaire. Conservera-t-il sa place de numéro 2 dans l’organigramme de la Fédération internationale de badminton? Affaire à suivre.