Candidatures

Pour les Jeux de 2024, la politique s’invite à table

— Publié le 30 janvier 2017

Faut-il y voir une date charnière? Une étape cruciale de la course? L’histoire répondra. En attendant, il est tentant de suggérer que le dernier week-end avant le lancement de la campagne internationale s’est révélé riche en événements pour les trois villes candidates aux Jeux d’été en 2024. Los Angeles et Budapest s’en seraient volontiers passé. A Paris, les nouvelles restent bonnes.

Les Californiens le savaient depuis le mois de novembre dernier: l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis allait compliquer leur tâche. Les faits n’ont pas tardé à le démontrer. En signant vendredi dernier un décret sur la « protection de la nation contre l’entrée de terroristes étrangers », interdisant pour 90 jours l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen), le nouveau locataire de la Maison Blanche place la candidature de Los Angeles dans une position difficile.

Au moins l’un des membres du CIO, Richard Peterkin, s’en est ému sur les réseaux sociaux. Le président du comité olympique de Sainte-Lucie a écrit samedi 28 janvier sur son compte Twitter que le décret signé par Donald Trump était « complètement contraire aux idéaux olympiques ». Le site Insidethegames lui a immédiatement demandé, toujours sur Twitter, si cela signifiait qu’il ne voterait pas pour Los Angeles. Question piège. Mais Richard Peterkin a botté en touche: « Mon commentaire concerne la politique d’un gouvernement, pas une ville candidate. Il est beaucoup trop tôt pour juger. »

Sans doute. Mais le maire démocrate de Los Angeles, Eric Garcetti (photo ci-dessous), l’un des acteurs majeurs de la candidature californienne, n’a pas attendu pour prendre position contre le décret de Donald Trump. « L’histoire de Los Angeles est celle d’une ville globale d’une diversité sans commune mesure dans le monde, a-t-il déclaré lors d’une manifestation de soutien aux musulmans. Los Angeles est une ville d’immigrants, je suis moi-même fils et petits-fils d’immigrants. Los Angeles est une ville de refuge, une ville qui offre des deuxièmes chances, une ville qui défend les droits de chacun. Il y a une raison pour laquelle le Congrès a mis fin en 1965 à l’interdiction d’entrée sur le territoire américain de personnes provenant de certains pays au regard de leur religion: cela ne fonctionnait pas. »

A Budapest, la menace est plus locale. Elle se nomme référendum, un mot craint comme la peste par tous les aspirants à l’accueil des Jeux olympiques. Une pétition a été lancée par un groupe politique de jeunesse, le Mouvement Momentum, pour l’organisation d’une consultation populaire sur la candidature aux Jeux de 2024. Dix jours après son lancement, elle aurait dépassé les 70.000 signatures. Il lui en faut 138.000 pour parvenir à ses fins et forcer l’organisation d’un référendum. La date limite pour y parvenir est fixée au 18 février 2017.

Pour l’équipe de Budapest 2024, le danger est réel. Pour preuve l’annonce dans un communiqué de presse, dimanche 29 janvier, du report du lancement de la campagne internationale. Les Hongrois avaient prévu de débuter leur communication vers l’étranger le 3 février, comme leurs concurrents américains et français. Ils attendront la mi-février. Le comité de candidature explique avoir toujours été ouvert au débat et à la discussion autour du projet, et continuera à l’être. Il rappelle que 71% de la jeunesse hongroise soutient Budapest 2024. Mais, précise le comité, « notre première priorité pendant cette période est clairement de continuer à démontrer aux habitants de Budapest la façon dont les Jeux olympiques pourraient améliorer leur vie. »

A Paris, l’heure est à la Marseillaise. L’équipe de France masculine de handball a remporté, dimanche 29 janvier, son 6ème titre de championne du Monde. Elle a décroché le pompon devant un public en liesse, à l’AccorHotels Arena de Bercy, l’un des sites proposés par l’équipe de Paris 2024. Parmi les spectateurs, Thomas Bach, le président du CIO (photo ci-dessous), assis à la gauche de François Hollande, le chef de l’Etat, juste devant Anne Hidalgo, la maire de Paris.