Candidatures

Avec les Jeux en 2024, Los Angeles promet le jackpot

— Publié le 10 janvier 2017

Les Américains aiment les chiffres. Les chiffres en dollars, surtout. A moins d’un mois du dépôt du troisième et dernier dossier de candidature aux Jeux de 2024, l’équipe de Los Angeles a publié lundi 9 janvier une nouvelle étude économique. Elle porte sur l’impact que l’événement olympique et paralympique pourrait avoir sur l’économie locale et nationale. Sans grande surprise, ses résultats sont spectaculaires.

L’étude en question a été commandée et payée par le comité de candidature. Elle n’est donc pas indépendante. Elle a été réalisée par deux entités, Beacon Economics LLC et la Riverside School of Business Center for Economic Forecasting and Development, une école de commerce intégrée à l’Université de Californie. Du sérieux. Fiable et crédible.

Sa conclusion tient en deux chiffres, fièrement placés en tête de rayon par l’équipe de candidature: les Jeux de 2024 à Los Angeles rapporteraient à la ville jusqu’à 11,18 milliards de dollars et, dans le même temps, feraient profiter l’économie américaine d’un pactole estimé entre 17,4 et 18,3 milliards de dollars.

Dans le détail, l’étude regorge de chiffres :

  • Les recettes fiscales des Jeux se situeraient entre 152 et 167 millions de dollars.
  • Les Jeux de 2024 contribueraient à la création de 74.308 à 79.307 nouveaux emplois à temps plein (la précision de cette prévision laisse perplexe, surtout à plus de 7 années de l’événement).
  • Les dépenses liées aux Jeux se situeraient entre 6,72 et 7,07 milliards de dollars.
  • La masse salariale liée à l’événement atteindrait entre 4,88 et 5,11 milliards de dollars.

Selon le communiqué du comité de candidature, publié en parallèle de la conférence de presse (organisée dans un marché couvert, Grand Central Market), l’impact économique des Jeux en 2024 serait pour l’essentiel lié aux dépenses touristiques et à celles des opérations olympiques. Les constructions auraient un effet très limité, voire insignifiant. Et pour cause, puisque le projet californien ne prévoit aucun nouvel équipement durable.

Précision: l’étude menée par Beacon Economics et l’Université de Californie estime que les visiteurs présents en Californie pour les Jeux de 2024 dépenseraient en moyenne le double d’un touriste lambda pour un séjour de même durée. Une donnée qui compenserait largement la baisse de fréquentation provoquée par les Jeux, estimée à environ 3%.

Réaction du maire de Los Angeles, Eric Garcetti: « En 1984, Los Angeles a montré au monde que des Jeux olympiques gérés avec sérieux pouvaient injecter des milliards de dollars à l’économie locale et constituer une source de progrès pour les décennies à venir. Nous sommes prêts à le refaire en 2024. Cette étude démontre que L.A. constitue un choix idéal et peu risqué pour les Jeux en 2024. »

Les Américains n’en font pas mystère: l’étude révélée lundi 9 janvier sera intégrée dans sa totalité dans le troisième volet de leur dossier de candidature, à déposer au CIO à Lausanne au plus tard le 3 février 2017.

Pour Victor Matheson, un professeur d’économie au College of the Holy Cross, auteur d’un ouvrage sur le business des Jeux intitulé Going for the Gold: The Economics of the Olympics, le sérieux de la méthode n’est pas contestable. Mais certains chiffres semblent surévalués. En premier lieu, les prévisions de créations d’emplois. « En 1984, les Jeux de Los Angeles avaient contribué à la création de 5.000 emplois, rappelle-t-il. Donc, soit le chiffre de 74 à 79.000 nouveaux jobs est très optimiste, soit ces Jeux en 2024 seraient organisés de façon très différente que la dernière fois où L.A les a accueillis. »

Pour rappel, l’équipe de Paris 2024 a publié en juin dernier une étude très comparable, menée par le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges. Elle avait conclu que les Jeux à Paris en 2024 pourraient apporter jusqu’à 10,7 milliards d’euros (11,3 milliards de dollars) à l’économie de la ville de Paris et la région Ile-de-France. Ils pourraient contribuer à la création de 250.000 nouveaux emplois en Ile-de-France.