— Publié le 11 janvier 2016

Qui peut encore sauver le soldat Coe?

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Certains signes ne trompent pas. Sebastian Coe, le président de l’IAAF, n’a sans doute jamais été aussi isolé. Le Britannique est en train de se faire lâcher par la presse de son propre pays, pourtant longtemps rangée sagement à ses côtés. Il pourrait bien connaître ces prochains jours l’une des semaines les plus périlleuses de son existence. Avec, face à lui, jeudi 14 janvier, une conférence de presse de la commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage (AMA) où Dick Pound, son président, a promis de dégainer son colt et faire parler la poudre.

Preuve d’une position de plus en plus instable: un long article publié dimanche 10 janvier dans le Daily Mail. Le quotidien anglais s’attaque de front à Sebastian Coe, sous la plume du journaliste Oliver Holt. Une chronique titrée « L’IAAF veut-elle vraiment attraper les tricheurs? Lord Coe et ses dirigeants trompés cachent la vérité. » Eloquent. Et sans nuance sur la volonté des médias britanniques de se « payer » l’ex patron des Jeux de 2012, élevé au rang de héros national pour avoir fait gagner Londres dans la course aux JO d’été.

En résumé, le Daily Mail reproche à Sebastian Coe de se murer dans une forme d’arrogance face aux attaques et au scandale dont son sport et son institution font l’objet depuis l’été dernier. « Lord Coe, jusque-là habile et proche des médias, a commis faux-pas sur faux-pas, écrit le quotidien. Il s’est montré agressif et sur la défensive, alors qu’il aurait été plus malin de sa part de se montrer ouvert et contrit. »

A l’évidence, la presse britannique n’a pas avalé son discours de l’été dernier, au cours duquel Seb Coe avait parlé de « déclaration de guerre » à propos des révélations de la chaîne allemande ARD et du Sunday Times sur le scandale de dopage dans l’athlétisme, en Russie notamment. Elle n’a pas non plus digéré les propos de Nick Davies, ex chef de cabinet de Lord Coe, aujourd’hui en « retrait », citant les médias britanniques en tête de liste des « ennemis » à combattre sans relâche. On peut la comprendre.

« Il ne devrait pas se faire la moindre illusion sur sa propre situation, insiste le Daily Mail à propos du président de l’IAAF. A combien de nouvelles révélations pourra-t-il survivre? Combien d’erreurs de parcours sera-t-il encore autorisé à commettre? Lors Coe est encore en train de raccrocher entre eux les wagons, comme s’il pensait qu’il reste quelque chose à défendre. L’un de ses acolytes devrait le prévenir qu’il ne reste plus rien. Plus rien du tout. L’athlétisme est arrivé au point zéro. Tout est à reconstruire. »

Alors que se profile un nouveau séisme avec la révélation, ce jeudi, de la deuxième partie du rapport de la commission indépendante de l’AMA, Sebastian Coe n’est plus prophète en son pays. Inquiétante perspective.