Candidatures

L’Espagne a les poches vides

— Publié le 22 juillet 2013

A moins de deux mois de l’Assemblée générale du CIO, la bataille pour les Jeux de 2020 semble plus indécise que jamais. Seule certitude : la candidature de Madrid, longtemps jugée hors course par la crise économique que traverse l’Espagne, a retrouvé des couleurs. Le rapport de la commission d’évaluation suggère que les mauvais chiffres de l’économie du pays n’étaient pas de nature à plomber le dossier madrilène, estimant que la vérité du moment ne serait dans doute plus la même sept ans plus tard.

Il n’empêche, le sport espagnol se trouve actuellement au bord du précipice, à l’image de sa tête de gondole, la Liga. Le championnat de football peut bien compter, avec le Barça et le Real Madrid, deux des clubs les plus riches de la planète, ses chiffres laissent perplexes. Sa dette cumulée dépasserait les 4 milliards d’euros. Et pas moins de 24 joueurs, dont certains des talents les plus affirmés du pays, ont quitté la Liga pendant le mercato, attirés vers l’étranger par des salaires désormais nettement plus élevés. La moitié d’entre eux a choisi l’exil vers la Premier League anglaise, où les Espagnols sont désormais une bonne trentaine.

Les dégâts de la crise sont déjà très spectaculaires. Le club de Salamanque a fait faillite. Celui d’Albacete a été sauvé in-extremis grâce à un chèque de l’un de ses anciens joueurs, Andres Iniesta, l’une des stars du Barça. L’Atletico de Madrid, brillant 3ème de la dernière saison, a dû vendre Radamel Falcao à l’AS Monaco pour éponger une partie de sa dette, estimée à 180 millions d’euros. Malaga, censé jouer les premiers rôles après son rachat par le Sheikh Abdullah-al-Thani, accuse lui aussi un déficit abyssal. L’équipe a été interdite de compétition européenne et voit ses joueurs filer vers l’étranger. Pour la première fois depuis plus d’une décennie, l’Espagne a vendu plus de joueurs qu’elle n’en a achetés, preuve que son championnat n’attire plus les grands noms du ballon rond, Barça et Real exceptés.

Toute aussi inquiétants, les chiffres des chaînes de télévision. Les deux diffuseurs payants du championnat avouent une diminution du  nombre de leurs abonnés. Digital + en aurait perdu environ 15% au cours de la saison dernière. Marca TV, l’un des derniers arrivés dans le PAF espagnol, a fermé boutique. L’Espagne se tourne désormais vers les marchés étrangers, Asie en tête, avec l’espoir d’y dénicher des clients perdus au pays.

Le football a toujours constitué une forme d’exception économique, en Espagne comme ailleurs. Une Liga au bord de la faillite n’empêcherait sûrement pas Madrid d’organiser les Jeux olympiques en  2020. Reste à savoir si les mauvais chiffres du sport espagnol pèseront sur le vote du CIO, en septembre prochain à Buenos Aires.