— Publié le 18 juillet 2013

« Le CIO cherche un leader. Je peux être celui-là »

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Moins connu du grand public que Sergueï Bubka, moins influent que Thomas Bach, le Singapourien Ser Miang Ng, 64 ans, se présente en outsider dans la campagne pour la succession de Jacques Rogge à la tête du CIO. Ce diplomate et homme d’affaires connait bien la maison, pour avoir rejoint l’instance olympique en 1998. On lui doit, notamment, l’organisation des premiers Jeux olympiques de la Jeunesse, à Singapour en 2010. A moins de deux mois de l’élection, il a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : A quand remonte votre envie de briguer la présidence du CIO ?

Ser Miang Ng : J’ai pris ma décision il y a environ six mois, après plusieurs discussions avec mes collègues membres du CIO. De ces échanges, il est ressorti que notre institution était certainement en excellente situation, après avoir connu des Jeux très réussis. Mais, en même temps, qu’elle était confrontée à un certain nombre de défis : la lutte antidopage, les paris illicites, la parité hommes/femmes dans la gouvernance sportive, l’universalité des valeurs olympiques… Un autre challenge à relever, pour le CIO, est d’encourager la jeunesse du monde à embrasser les valeurs du sport et à s’engager dans une activité sportive. Aujourd’hui, près de 50% de la population mondiale avoue moins de 25 ans, soit 3,5 milliards de personnes. Pour toutes ces raisons, le CIO a besoin d’un leader qui ait une vision globale de l’avenir de notre mouvement.

Vous pensez pouvoir être cet homme ?

Oui. Mon passé, mon parcours et mon engagement me désignent pour être candidat.

Vous avez choisi d’annoncer votre candidature depuis la Sorbonne, à Paris, en mai dernier. Pourquoi un tel choix ?

La Sorbonne n’est pas un lieu anodin pour le mouvement olympique, puisque c’est là, dans l’une de ses salles, que Pierre de Coubertin a donné naissance aux Jeux modernes. J’ai choisi de me déclarer dans cet endroit, à Paris, car je pense que le CIO ne doit jamais oublier son passé, même s’il est engagé dans une réflexion sur son avenir.

Si vous êtes élu, en septembre, quelles seront vos premières actions ?

Je l’ai déjà dit à mes collègues : je caresse le projet de passer une pleine demi-journée avec chacun d’entre eux, pour mieux les connaître, échanger, discuter. Cette démarche me prendra 57 jours ! J’ai également fait part de mon intention de réunir l’ensemble des membres pour une sorte de retraite, pendant trois jours, dans le berceau des Jeux, à Olympie. Trois journées pendant lesquelles nous discuterions des sujets les plus importants pour notre mouvement ces huit prochaines années.

Quels changements voudriez-vous imposer dans le fonctionnement du CIO ?

Je privilégierais une forme de continuité, en veillant à conserver une vision commune de notre instance. Mais je ferais également en sorte que l’administration du CIO se mette au service des membres. Elle doit plus les aider et les accompagner dans leur travail.

Etes-vous favorable à un retour aux visites des villes candidates par l’ensemble des membres du CIO ?

C’est un sujet dont je souhaite que nous discutions ouvertement à l’occasion du séminaire que j’aimerais organiser à Olympie. Mais, dans tous les cas, il est urgent de revoir le processus de candidature des villes, pour le rendre moins complexe, et surtout moins coûteux.

L’élection pour la ville des Jeux de 2020 aura-t-elle une influence sur celle consacrée à la présidence du CIO ? Y aura-t-il des alliances, une forme d’échanges ?

Je ne crois pas. Les deux scrutins sont très différents l’un de l’autre. Dans le premier, il s’agira de choisir quelle ville sera le meilleur choix pour organiser des Jeux, non pas maintenant, mais dans sept ans. Dans le second, les membres du CIO voteront pour un leader. Quant aux alliances, je n’y crois pas non plus. Les membres du CIO ne se rangent pas en blocs. Ils sont autonomes et très indépendants.

Comment estimez-vous vos chances de l’emporter ?

La réponse est difficile, car cette élection se révèle être à l’échelle olympique, très compétitive, avec six candidats très forts. Je prends beaucoup de plaisir dans cette campagne. J’ai parlé avec beaucoup de membres du CIO. Et je vais continuer à le faire au cours des prochaines semaines.

Quelles vont être les prochaines dates majeures dans votre agenda de campagne ?

Je vais beaucoup voyager, pour me rendre dans les principaux grands évènements sportifs. Je serai donc à Cali pour les Jeux Mondiaux, puis à Barcelone pour les championnats du monde de natation, à Moscou pour ceux d’athlétisme, avant d’aller à Nanjing, en Chine, aux Jeux de la Jeunesse d’Asie.