— Publié le 26 février 2013

Usain Bolt, l’avoir ou pas

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Ambiance des grands jours, mardi 26 février 2013, dans les salons du siège parisien du groupe industriel Areva, géant mondial du nucléaire. La presse y est réunie pour la présentation du meeting du même nom, neuvième étape de la Samsung Diamond League, prévu le 6 juillet prochain au Stade de France. Au centre des conversations, un même nom revient comme un refrain : Usain Bolt. L’homme le plus rapide du monde a confirmé sa présence lors de la réunion francilienne. Il s’alignera sur 200 m. Organisateurs du meeting, dirigeants de l’athlétisme français et représentants de l’entreprise se frottent les mains. Ils auront « La Foudre ». Le reste importe peu.

A quel prix ? Laurent Boquillet, le directeur du meeting Areva, étale ses chiffres sans retenue. « Usain (Bolt) a augmenté son tarif depuis les Jeux de Londres. Fort de ses six médailles d’or olympiques, il demande désormais 300 000 dollars net par course. Un cachet auquel il faut rajouter 15% de taxes, à notre charge. Inutile de négocier, cette somme est identique pour tous les meetings du circuit. Aucun autre athlète au monde ne peut réclamer un tel cachet. Mais il n’est pas indécent. Primo, son agent, Ricky Simms, connaît les réalités du marché. Il a fixé un prix qui ne mette pas en péril l’économie d’une compétition. Deuxio, Usain Bolt génère par sa seule présence des ressources supplémentaires. »

Selon les estimations, le sprinteur jamaïcain ferait venir entre 6 et 10 000 spectateurs en plus au Stade de France. En 2011, le meeting Areva avait attiré 49 000 personnes. Elles étaient 10 000 de moins pour l’édition suivante, une année où Usain Bolt avait été retenu au pays pour les sélections olympiques. Laurent Boquillet explique : « Il est actuellement le seul athlète sur la planète capable de toucher le grand public. Avec lui sur la piste, une réunion dépasse le cadre des seuls fans d’athlétisme. »

Autre effet : la médiatisation. En 2011, lors de sa dernière venue à Paris, « Lightning Bolt » avait été l’invité du journal de 20 heures de TF1. « L’an passé, nous n’avons reçu aucune demande de la chaîne », explique Laurent Boquillet, malgré la présence dans la compétition de David Rudisha, Tyson Gay, Renaud Lavillenie et Sally Pearson. « Avec lui, nous pouvons attirer des médias généralistes », poursuit le directeur du meeting.

Alors, l’avoir ou pas ? A Paris, comme à Bruxelles et Zurich, la question ne se pose plus. La présence du sprinteur assure des tribunes mieux remplies, un bataillon de médias et des partenaires prêts à signer sur le champ un renouvellement des contrats. Mais l’homme court peu. L’attirer n’est pas simple. L’exercice s’apparente de plus en plus à une course de vitesse. Les organisateurs du meeting Areva ont bouclé l’affaire dès le mois de novembre dernier. A l’époque, la réunion de Lausanne, Athletissima, prévue deux jours plus tôt dans le calendrier estival, le voulait également, mais avec moins d’insistance. « Nous les avons pris de vitesse », résume Laurent Boquillet. La soirée suisse se consolera sans doute avec l’autre bolide jamaïcain, Yohan Blake, le champion du monde en titre du 100 m. Un formidable athlète, certes, mais encore dans l’ombre de son aîné.