— Publié le 7 juillet 2022

Paris 2024, les Jeux les plus branchés

Événements Focus

La promesse est devenue un refrain.Tony Estanguet l’entonne depuis la phase de candidature, en ajoutant parfois un nouveau couplet : les Jeux de Paris 2024 seront les plus durables et responsables de l’histoire. « Nous allons diviser par deux les émissions carbone générées par l’organisation des Jeux« , assure le triple champion olympique de canoë.

Réaliste ? Sur le papier, sans doute. Mais dans les faits ? Dès la phase de candidature, l’équipe de Paris 2024 s’est associée à un acteur majeur du secteur énergétique, la société Enedis. Filiale indépendante du groupe EDF, elle est gestionnaire du réseau de distribution de l’électricité en France. Un mastodonte, dont les lignes représentent 35 fois le tour de la terre.

En avril dernier, Enedis a rejoint plus formellement l’aventure olympique et paralympique en devenant supporteur officiel, le troisième rang du programme national de marketing. Sa contribution n’est pas seulement financière. L’entreprise de service public s’engage à accompagner le COJO Paris 2024 dans sa promesse de durabilité.

Comment ? Catherine Lescure, la directrice communication et RSE d’Enedis, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Paris 2024 promet des Jeux tout électriques, des Jeux éco-responsables. Mais quelle est aujourd’hui la réalité des grands événements sportifs en termes d’énergie ?

Catherine Lescure : Le secteur de l’événementiel, sportif mais aussi culturel, s’appuie encore majoritairement sur des groupes électrogènes. Ils fonctionnent à base de gasoil. Ils sont donc polluants. Au Stade de France, par exemple, un tel matériel est utilisé pour un événement sportif ou un concert. Pour les organisateurs, c’est très rassurant, mais cela n’a plus aucun sens. En phase de candidature, lorsque l’équipe de Paris 2024 nous a demandé de regarder comment réduire les émissions de CO2, nous avons convaincu le CIO que tous les sites seraient alimentés directement par le réseau électrique. Nous allons tenir cette promesse.

Comment ?

Enedis va investir 100 millions d’euros avant les Jeux de Paris 2024 pour renforcer le réseau électrique et le sécuriser. Les lignes et les postes source seront renforcés, il y aura une redondance d’alimentation avec l’ajout de nouvelles lignes. Au Stade de France, bien sûr, mais aussi sur tous les autres sites. Pas seulement à Paris et en région parisienne. Les mêmes travaux sont prévus à Marseille, site de la voile, et dans tous les stades des tournois de football en province. Le réseau sera parfaitement sécurisé, sans risque de coupure. Ces travaux seront réalisés pour les Jeux, mais ils s’intègrent également dans l’héritage. Le nouveau réseau restera en place. Il profitera aux sites et aux collectivités.

Le dispositif de Paris 2024 prévoit un nombre important de sites temporaires. Pourront-ils bénéficier d’un aménagement aussi sécurisé ?

Bien sûr. Place de la Concorde, par exemple, le réseau existe déjà. Il est enterré. Nous allons le renforcer en sous-terrain pour assurer des branchements provisoires. Nous l’avons déjà fait au Trocadéro. Et nous avons mis en place un branchement provisoire à Saint-Denis à l’occasion de la dernière Journée olympique, à la fin du mois de juin. Les groupes électrogènes à l’ancienne n’ont plus de raison d’être, même dans le secteur de l’événementiel. En cas de besoin, nous pourrions utiliser des modèles à zéro émission. Nous en faisons actuellement l’expérimentation. Le dispositif prévu pour Paris 2024 permettra une économie de 4 millions de litres de gasoil par rapport aux Jeux de Londres 2012.

Est-ce une première mondiale ?

A l’échelle des Jeux olympiques, oui. Tokyo 2020 a montré la voie, avec une majorité de sites alimentés de la même façon, mais le réseau ne touchait pas la totalité.

A deux ans des Jeux, êtes-vous dans les temps ?

Nous sommes devenus supporteur officiel en avril dernier, mais nous sommes engagés depuis la phase de candidature. Nous avions déjà commencé les travaux. Depuis la contractualisation de notre engagement, via ce partenariat, les chantiers s’intensifient. Nous avons déjà, par exemple, renforcé le poste source à proximité du village des athlètes.

Quel est le plus grand défi à relever pour tenir cette promesse du tout électrique ?

Le défi n’est pas technique. Il consiste surtout à démontrer au secteur événementiel que les habitudes acquises peuvent être modifiées. Le convaincre que l’impact carbone peut être considérablement réduit, à condition d’anticiper les choses. Paris 2024 peut marquer un véritable changement dans les usages et les comportements. Il y aura un avant et un après.