— Publié le 8 août 2021

« Au revoir Tokyo, see you in Paris « 

Tokyo 2020 Focus

Une olympiade se termine, une autre commence. La première a été historiquement longue, cinq années, dont la dernière a sans doute semblé aux organisateurs japonais ne jamais vouloir se terminer. Par voie de conséquence, la suivante sera elle aussi historique, mais par sa courte durée. Trois ans avant les Jeux de Paris 2024. Beaucoup et tellement peu à la fois.

Que faut-il retenir des Jeux de Tokyo ? Une chose, d’abord, tout sauf évidente : qu’ils aient eu lieu. Le défi a longtemps paru insurmontable. Mais les Japonais s’y sont accrochés. Ils avaient peu à gagner, et sûrement beaucoup à perdre. L’événement leur laissera une ardoise dont il faudra attendre avant d’en connaître les vrais chiffres. Mais l’histoire retiendra des Jeux de Tokyo qu’ils ont été le premier, le seul à ce jour, rassemblement mondial depuis le début de la pandémie.

« Je pense que nous pouvons d’ores et déjà dire que nous avons vécu des Jeux olympiques très réussis, a suggéré Thomas Bach ce dimanche matin, en clôture de la session du CIO. Ils sont arrivés au bon moment. Les athlètes pour lesquels nous les avons faits les ont vraiment appréciés. Ils ont aussi aussi apprécié le simple fait de pouvoir se réunir à nouveau. Et donné de l’espoir et de la confiance, non seulement à la communauté olympique, mais aussi au monde entier. »

Pour le reste, les leçons ne manquent pas. Comme prévu, Américains et Chinois se sont battus longtemps pour la première place du classement des médailles. Elle est finalement revenue aux Etats-Unis, dans la dernière journée des Jeux. Le Japon (58 médailles dont 27 en or) a prouvé que le fameux « effet pays-hôte » pouvait fonctionner même sans public dans les tribunes. La Russie reste la Russie (5ème au classement des médailles), même avec une délégation réduite, un nom d’emprunt (ROC), et un hymne de circonstance.

De ces Jeux, il faut aussi retenir qu’ils n’ont pas été perturbés par les affaires de dopage. Cela n’était pas gagné d’avance, surtout après une longue période où les restrictions de voyage ont rendu sédentaires les agents des contrôles.

Il faudra retenir, enfin, le vent de fraîcheur apporté par les sports additionnels, même si l’âge de certains vainqueurs interroge et fait débat (la Japonaise Momiji Nishiya, 13 ans, sacrée en skateboard).

Rideau sur Tokyo 2020. Place à Pékin 2022. Puis, surtout, à Paris 2024. Yuriko Koike, la gouverneure de la capitale japonaise, a rendu à Thomas Bach le drapeau olympique. Le président du CIO l’a ensuite remis à Anne Hidalgo, la maire de Paris. Le geste est très protocolaire. Il est inscrit depuis longtemps dans le cérémonial des cérémonies olympiques.

Moins habituel, en revanche, le choix des organisateurs parisiens de jouer depuis la France le spectacle vivant accompagnant la passation du drapeau. Une envie de « casser les codes« , dès maintenant ? En l’absence de spectateurs au stade olympique de Tokyo, le recours à la vidéo n’a pas dérangé grand-monde.

Mais l’un des temps forts de la séquence, le déploiement au sommet de la Tour Eiffel du « plus grand drapeau du monde« , selon Tony Estanguet, a été annulé quelques heures seulement avant le début de la cérémonie. En cause, une météo capricieuse ne permettant pas d’organiser l’opération en toute sécurité. Les organisateurs l’ont remplacé par un drapeau virtuel.

Dommage. Mais le reste de la séquence s’est joué sans fausse note. Comme l’avaient annoncé Tony Estanguet et Anne Hidalgo deux jours plus tôt, elle a proposé une immersion dans Paris et ses monuments, avec un mélange attendu de tradition et de modernité, de musique classique et de culture urbaine. Une pointe d’escrime pour rappeler le patrimoine sportif français, une place plus large au BMX et au breaking pour sonner plus jeune.

Rentré pour l’occasion, Tony Estanguet a bouclé la séquence en jean et t-shirt, en écrivant au feutre Paris 2024 sur l’objectif d’une caméra. A la cool. Emmanuel Macron, moins attendu dans le casting, avait prononcé avant lui depuis le dernier étage de la Tour Eiffel la nouvelle devise olympique, « Plus vite, plus haut, plus fort, ensemble ». Mais les mots de la fin sont revenus à Thomas Bach, au stade olympique de Tokyo. « Au revoir. See you in Paris« .