— Publié le 25 septembre 2020

« Le plus important : un équipement adapté à l’entraînement »

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Le report des Jeux de Tokyo 2020 n’a pas seulement raccourci d’une année la prochaine olympiade d’été. Pour les villes françaises candidates à l’accueil d’une délégation étrangère avant les Jeux de Paris 2024, le processus de sélection est lui aussi retardé. Il n’empêche, la bataille a déjà commencé, en France, pour devenir Centre de préparation aux Jeux (CPJ).

Les candidats sont nombreux, les lauréats le seront nettement moins. Comment faire la différence ? Quelle stratégie adopter, pour convaincre le COJO Paris 2024, puis une fédération ou un pays étranger ? Jérémie Botton, le directeur général de l’agence Spartner, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Le report des Jeux de Tokyo a-t-il modifié le calendrier du processus de sélection des Centres de préparation aux Jeux de Paris 2024 ?

Jérémy Botton : Oui, un peu. Le gouvernement français et le COJO Paris 2024 ont décidé de ne pas attendre le report des Jeux de Tokyo en 2021 pour annoncer les collectivités territoriales lauréates. Les choses devraient se faire assez rapidement, il semble que les CPJ ne devraient pas tarder à être connus. Les attentes sont fortes, car ce statut constitue l’un des principaux leviers pour tous les territoires qui n’accueilleront pas d’épreuves.

Parmi les critères de sélection pour devenir CPJ, quels sont les plus déterminants ?

Les fédérations recherchent des équipements sportifs répondant aux critères techniques de leur discipline. C’est le point central : un équipement adapté aux normes de l’entraînement dans tel ou tel sport. Ensuite, il y a les questions de l’hébergement, la restauration et les transports. Enfin, il ne faut surtout pas oublier les Jeux paralympiques, donc le critère de l’accessibilité.

Beaucoup de collectivités ont déjà annoncé leur souhait de devenir CPJ. Pour une ville ou un territoire, comment faire la différence ?

J’ai la conviction que la vraie différence se fera dans un second temps. Devenir CPJ revient dans un premier temps à intégrer un catalogue numérique destiné aux comités nationaux olympiques et paralympiques. Rien ne permet à ce stade de garantir que des délégations étrangères se rendront sur un site. C’est toute la difficulté pour les élus locaux. Avant les Jeux de Londres 2012, un grand nombre des CPJ sélectionnés n’avait pas accueilli la moindre délégation. Le comité d’organisation avait pourtant débloqué plus de 2,5 millions de livres pour subventionner les délégations qui souhaitaient venir se préparer au Royaume-Uni en amont des Jeux. Chaque collectivité doit se poser les questions clés : quelle est ma stratégie ? Pourquoi accueillir des délégations étrangères sur mon territoire ? A quel type de sport ou de pays sont adaptées mes infrastructures (sportives, hébergement…) ? Mon offre est-elle cohérente ? Quel est mon atout, mon facteur différenciant par rapport aux autres CPJ ? La concurrence est rude, y compris avec les pays frontaliers. Il y a néanmoins de la place si on ne se disperse pas. Il faut simplement ne pas espérer uniquement accueillir l’équipe américaine d’athlétisme. Beaucoup de pays, beaucoup de sport, peuvent être intéressants pour un CPJ en amenant des retombées immatérielles et un héritage beaucoup plus important que des équipes médiatiques.

 Quels bénéfices peut recevoir une ville ou un territoire en étant choisi comme CPJ ?

En tête, les retombées économiques (hébergements, transports, transferts, restauration…).  Les retombées médiatiques pour la collectivité et sa région, mais aussi chez le pays accueilli, sont également importantes. C’est là que la stratégie de positionnement du territoire, son histoire, ses jumelages, ses intérêts touristiques doivent être pris en compte afin de construire un récit qui participe à la valorisation de la collectivité. Mais on aurait tort de limiter les bénéfices à cette seule dimension économique et promotionnelle. Il faut aussi, à mon avis, construire main dans la main avec la délégation accueillie un programme plus global qui permette à la collectivité d’accélérer et valoriser ses politiques publiques. Je pense à des interactions avec les scolaires, des projets RSE notamment. Tout cela doit être conçu afin de laisser un héritage et de tisser une relation pérenne. Et là encore, il faut penser aux délégations paralympiques.

 Comment accompagnez-vous les villes candidates ? 

Nous réfléchissons d’abord ensemble à leur positionnement, à leurs objectifs, tout en ayant bien en tête la concurrence des autres CPJ et les cibles des comités nationaux olympiques et des fédérations à attirer. Il y a un nombre de facteurs très important à prendre en compte lors de cette phase d’analyse : les caractéristiques techniques des infrastructures, l’environnement économique, politique et sportif du territoire, les objectifs de la collectivité, les politiques publiques existantes… Ce travail est primordial avant d’aller prospecter, mais il est souvent oublié. Cette phase peut être relativement rapide selon la maturité du projet porté par la collectivité. Nous jouons ensuite un rôle plus commercial en allant chercher les CNO et/ou fédérations ciblés. Notre réseau international, construit depuis 20 ans dans le monde entier, nous permet de toucher rapidement les bons interlocuteurs. Enfin, nous proposons aux collectivités d’opérer sur place l’accueil des délégation de A à Z : préparer et gérer leur venue entre 2021 et 2024 de façon extrêmement qualitative, afin de construire un partenariat dans la durée.